Comme j'ai enfin une connection internet potable, j'ai enrichi l'album Bali de quelques photos ! Allez faire un tour !
Ventana abierta, open world - Page 64
-
Rattrapage photos
-
Sanur, 13h30
A Amed, par moment, je n'avais envie que d'une chose : l'anonymat de la ville. Par etrange, a Sanur, j'ai surtout trouve l'anonymat du vide, dans cette station balneaire ou l'arrivee prochaine de septembre a soudain chasse les touristes. L'immense plage est vide, la lagune limpide est vide, le petit warung ou je m'asseois pour manger et ecrire est vide; il n'y a que sur les chaises longues de la plage du Hyatt que l'on peut voir des formes supposement humaines. Mais elles ne bougent pas, interdites au soleil. Le rugissement des vagues au loin couvrent tout ce qui pourrait ressembler a un langage articule.
J'ai pris un nasi campur face a la mer et un bali copi au gout poussiereux. Je finis les Scenes de la vie d'un jeune garcon (Tante Annie vient de mourir et se fait enterrer sous la pluie du Cap). Dans l'apres-midi, j'irai voir de l'autre cote de la jetee ou le vent est moins siffleur, s'il y a encore ici ou la des hommes debout.
-
Consecration
Hier un grand moment. Je me promene sur la route principale d'Amed (il n'y en a qu'une) ou je viens d'arriver, l'air routard a souhait avec mes tongs, mon baggie et mon vieux sac en toile. Un petit gars en scooter s'arrete a ma hauteur, l'accent bien francais, il me demande si je suis d'ici... Ca y est, je ressemble a une Balinaise !! Je ne pensais pas qu'apres seulement 15 jours... Dans mon meilleur anglais, je lui reponds "no", mais il s'obstine en me demandant les bons coins pour le snorkeling. Alors je lui renvoie fine connaisseuse, voire blasee, "you know every place the same here, good everywhere" (bon un truc dans le genre, meme pas sure que ca sonne tres anglais,et le gars a peut-etre compris qu'il avait interroge une Francaise!). Allez, bien sur, il ne m'a jamais prise pour une Balinaise;en fait, ici tu ne rencontres jamais de touriste seule marchant le long des routes. L'incongru doit me donner une allure autochtone.
Quant aux bons coins pour le snorkeling, je ne l'ai guere induit en erreur. Il suffit de prendre n'importe quel carre de plage, avancer de 3 metres et l'explosion de couleurs, de formes et de reliefs commencent; des coraux bleus, des poissons-oiseaux tout violets avec des ailes vertes mues gracieusement, d'autres coraux en forme de cerveaux ou de champignons voire de parasols renverses, des tubulaires roses, des poissons camouflages, des bleus phosporescents, des zebres, des montagnes sou-marines aux arretes tranchantes, une sorte de poisson arc-en-ciel, rouge jaune bleu vert, quelques bancs egares en plein ballet virevoltant de tous cotes. Les yeux ne se reposent jamais. -
Sont-elles indecentes ?
(petite moquerie amicale)
Les Balinais ne sont jamais a cours de propositions. A Ubud sans mentir, tous les metres, sur la main road, un type assis nonchalamment t'interpelle avec ce simple mot: "Transport?". Comme 99 fois sur 100, tu reponds "no thank you", sans hesiter il revient a la charge avec son nouveau mot prefere:"Tomorrow?". Genre, a coup sur, tu vas te souvenir de lui, si besoin est, alors que tu le croises dans la nuit sur une route peu eclairee...
A Munduk, dans les montagnes, c'est pareil sauf que ca commence plus jeune. Une gamine de 5 ans maximum me hele devant un warung (petite epicerie). Elle combine joliment les 3 mots qu'elle connait en anglais: 'Hello, transport tomorrow?" (aujourd'hui elle est trop occupee). J'ecarquille les yeux et l'imagine deja le casque visse sur la tete facon dernier mode, assise sur un motorbike dans un equilibre plus qu'instable, m'emmenant a l'assaut de pentes a 20%...
Il y a une variante de propositions faites ainsi dans la rue, qui est celle-ci plutot l'apanage des femmes :"Massage? Tomorrow?". Jusqu'a cette rencontre avec un type au fond d'une riziere de la Jalan Bisma a Ubud. Il tente le tout pour le tout. Apres la double interrogation rituelle, deux nouveaux mots en guise d'appat, assortis d'un petit clin d'oeil peu equivoque: "Massage? Tomorrow?..... With me? "
Coquin, va !! (il n'y a qu'au mont Batur que ce genre de proposition s'accepte :-)
Bilan, a Bali, tout le monde est masseur ou taxi et personne ne fait rien demain ! -
A la croisee des chemins
Laure est partie... Qui donc va appeler mon Norbert, Nestor, et partagera ma Bintang ? (Laurette, n'oublie pas de me donner des nouvelles quand tu arriveras a Paris!)
Juste avant de quitter Ubud, nous avons passe une agreable soiree au Rendez-vous Doux, un resto tenu par un Francais expatrie, Thierry, avec lequel nous avons longuement discute. Il a 54 ans et s'est installe a Bali il y a 4 ans apres avoir ferme sa boite d'edition a Paris. Il est maintenant marie a une Javanaise, qui attend un enfant. Son regard sur la societe balinaise est vraiment interessant. Il nous explique qu'il est difficile pour un etranger de creer de vrais liens durables avec les Balinais. La communaute est vraiment tout pour eux, comme nous en avions le pressentiment; elle rythme leur vie et les absorbe completement, a tel point qu'il y a peu de velleite d'aller voir ailleurs. Nous ne sommes pas vraiment dans des univers paralleles, mais dans des univers qui se croisent : on se rencontre certes, mais nous sommes le plus souvent a des annees-lumiere. Selon Thierry, leur objectif essentiel est la continuation d'eux-memes, autrement dit la survie ? D'ou l'importance des rites. L'identite comme affirmation permanente.
Mais a quel moment l'affirmation de l'identite devient-elle prison ? (car elle l'est, non?)
Pour notre derniere journee ensemble, Laure et moi sommes parties vers les montagnes du nord. Arrivees a Munduk, notre regard a plonge dans la vallee sous le soleil du soir.(Impossible de telecharger des photos avec les connections internet ces derniers jours, j'en remettrai d'ici qqs jours a mon retour sur les plage).