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Inde du Sud, des épices et des dieux

  • Heure indienne


    pasolini.jpegGrâce à Laurette,je viens de refaire un plongeon en Inde.

    Pier Paolo Pasolini, avec L'odeur de l'Inde, m'a redonné à voir les couleurs éclatantes, les oui dodelinants, la religion-rite, les canons de beauté grassouillets, les castes encore, toujours, les temples du Sud - vertigineuses fourmilières, le sourire sincère et ce qu'il appelle l'absence complète de vulgarité.

    Ce qui est passionnant, c'est aussi de réaliser l'évolution du sous-continent. Dans ce livre écrit en 1961, règne encore la pauvreté brutale, la misère qui laisse étendu, agonisant (Pasolini rencontre même Mère Thérésa à Calcultta); on y perçoit pas encore le réveil de l'Inde, l'émergence de cette puissance technologique, qui certes laisse encore beaucoup de monde sur les bas-côtés, mais dégage malgré tout l'impression d'un mouvement vers l'avant.

    Je retournerai bien un jour ou l'autre en Inde du Sud ou découvrir l'Inde du Nord.

     

     

     

     

  • Detours indiens - Impression IX

    L'etrangere

    Qui connait Mettupalayam ? Sans doute peu d'entre vous. Le nom de cette bourgade est generalement a peine evoque dans les guides, si ce n'est pour signaler une interconnexion. Car de Mettupalayam, on peut prendre le fameux "Nilgiri Express Train", un petit train a vapeur du 19e classe au patrimoine mondial de l'UNESCO, qui mene tout droit a Ooty, station d'altitude, ou les Anglais avaient fait construire quelques belles demeures ou ils venaient se refugier en mai-juin, pour fuire les chaleurs harassantes de Madras.

    Ce petit train, je le voulais (5h pour parcourir 50 kms !! au milieu, dixit les guides touristiques, de paysages somptueux, reflets de la biodiversite des Ghats occidentaux et terrains de predilection des plantations de the, qui sont peut-etre a l'Inde du Sud, ce que les rizieres en terrasse sont a Bali. Dans les faits, ce trajet me parait un peu surestime, ne serait-ce que par l'affreuse etroitesse des banquettes ou 5 passagers sont compresses comme des sardines -et j'en connais un rayon sur les sardines ;-)- sans avoir la moindre garantie de pouvoir mettre le nez dehors, la banquette n'ayant que 2 extremites n'est-ce-pas ? Et pourquoi prendre un train si lent, sinon pour mettre son museau a l'air ? J'arrete la cette digression.)

    Je le voulais donc ce train, quelles que soient les epreuves a franchir pour l'obtenir, la principale etant la question du transport ! Depuis Cochin, il me fallait prendre un train pour Coimbatore, puis un bus pour Mettupalayam avant de pouvoir enfin entendre le tchou-tchou caracteristique.

    Les 3  heures de trajet entre Cochin et Coimbatore m'ont fait envisager le meilleur. Ces paysages-la sans cesse changeants, des cocotiers aux forets soudaines de feuillus, en passant par des formations geologiques etranges, d'enormes rochers entierement stries comme passes au tranche-pain, et des visions de sierras, des prairies seches avec des palmiers sur fonds de montagnes (etrange reminiscence de Cordoba), n'ont pas laisse un instant de repit a mes yeux. Il y a eu aussi, surgie de nulle part, cette enorme usine de ciment, nous en avions vu des similaires avec Laure, sur la route entre Madurai et Kanyakumari. Ce sont des monstres, des constructions proprement inhumaines, avec des enchevetrements de tuyaux, des perfusions qui font vivre la "bete". Autour du monstre, tout n'est que cendres, lui-memen en est couvert, mais aussi tous les arbres et la nature alentour, ainsi que les bicoques de fortune qui ont la malchance de se trouver là (et les poumons de ses habitants a inhaler ainsi la poussiere de ciment, de quelle couleur sont-ils?). This is India. Beaute et horreur se cotoient.

    Une fois arrivee a Coimbatore, je prends un rickshaw direction la gare routiere. Tres vite, je monte dans un bus pour Mettupalayam. Il n'y a plus de place assise, ce a quoi je me resigne le trajet ne devant durer qu'une heure. Je pose tout mon bardas a l'avant a cote du chauffeur, mais rapidement une jeune fille me propose une petite place sur la banquette plaquee a cote du levier de vitesse. Elles sont en fait un groupe de 3 jeunes, avec des traits tres distincts de ceux des Indiens du Sud, et des vetements a l'occidentale. Je les imagine Chinoises ou Malaisiennes (car oui messieurs-dames, je suis experte dans l'art de reconnaitre les Malaisiennes ! :-).

    Comme chacun le sait cependant, plutot que d'imaginer, il vaut mieux ... se renseigner !
    Eh bien une chose est sure, je n'aurais jamais devine, car elles sont tout simplement Indiennes. Au debut quand je leur ai demande d'ou elles venaient, j'ai compris quelque chose comme "Sikin". Sikin, c'est etrange, voila un pays dont je n'ai jamais entendu parler...et pour cause c'est une ville du Nord-Est de l'Inde. Quand je suggere que c'est proche du Bangladesh, elles me regardent d'un air un peu ahuri avant de preciser avec compassion que "non, c'est pres du Nepal et du Bouthan". Promis, quand je rentre, j'etudie de maniere approfondie la geographie de l'Inde !

    Ces jeunes filles sont avec leurs parents qui sont venus leur rendre visite, car elles etudient ici. En les observant bien, je me redis pour la 1000e fois qu'il n'y a decidement pas une mais des Indes, pas une identite indienne, mais une multitude d'identites apposees.

    Pendant que nous parlons, le bus qui n'est pas encore parti, ne cesse de se remplir. Bientot, il y a des gens partout dans l'allee centrale et je tiens tant bien que mal gros mon sac a dos debout et le petit sur mes genoux. Puis le car se lance. Une heure apres, j'ai les muscles tetanises. Encore une fois, le chauffeur conduisait comme un fou, et installee sur cette petite banquette sans dossier a retenir mes deux sacs, je n'ai cesse de contracter tous mes muscles pour me maintemir en place, mon dos me servant de balancier lorque nous foncions dans des virages, comme si le championnat du monde de F1 etait en jeu !

     Heureusement Mettupalayam s'annonce sur les panneaux de signalisation.

    Je descends du bus, essaie de voir des noms d'hotel. Je veux dormir juste a cote de la gare, car le train est a 7h le lendemain matin. Il y a sur la place ou je suis un vacarme epouvantable, car une reunion publique se tient sous une tente (ils ne sont pas plus d'une trentaine, mais avec des enceintes super puissantes tout le monde en profite!). Peut-etre parlent-ils d'Anna Hazare, cela fait deja 2 ou 3 semaines que le nom de cet "activiste social" fait la une de tous les journaux.

    Pour l'instant ce qui me preoccupe neanmoins c'est de trouver un toit. Je vois au loin une enseigne annoncant "hotel international". A peine 3-4 minutes de marche et j'en trouve l'entree dans une ruelle. Sur le court trajet parcouru, je m'apercois que l'on me regarde de maniere inhabituelle, comme si je n'etais pas exactement a ma place. Chose incroyable, aucun chauffeur de rickshaw ne m'a abordee pour me proposer la course...

    Je pose mes affaires dans la chambre avec pour seules envies ; prendre une douche et detendre mes muscles ! Rapidement je suis requinquee, prete a decouvrir cette bourgade discrete (dans les guides!).

    Vite, la sensation revient. Ces regards, dont je ne sais dire s'ils sont inquiets, inquisiteurs, curieux, apeures ou juste tres surpris. Il faut dire que je ne croise pas un seul occidental, ce qui me rend extremement visible !

    Il y a bien quelques ouvriers s'affairant autour du batiment du "Success Institute" (!), qui en me voyant me lancent un grand "Hi", mais pour le reste silence, silence... Soudain, je vois dans une ruelle perpendiculaire a la route principale une nuee d'ecoliers en uniforme, evidemment je m'y precipite, non seulement parce qu'un bain de foules me fera du bien, mais parce que je connais l'enthousiasme des enfants. De fait, quelques-uns restent sur la reserve mais la plupart viennent me serrer la main, me demander mon nom, mon pays, et m'envoient des sourires delicieux. N'est-ce donne qu'a l'enfance ce gout immodere pour l'etranger ? N'est-ce donne qu'a l'innocence ?

    Bon, je dois dire que les choses ne depassent un peu et que le bain de foule vire bientot a l'emeute ! Je finis par hausser la voix et leur dire "au revoir" d'un ton sympathique mais peremptoire ! Les enfants alors se dispersent en hurlant "bye-bye".

    Comme il est deja 16h et que je n'ai pas encore dejeune, je choisis un boui-boui, dont la cuisine au fond est comment dire... relativement propre ! On m'amene une feuille de bananier, mon riz, mes sauces, je fais tranquillent des boules avec mes doigts et avale tout ca gloutonnement.

     Je repars l'estomac brulant !! Pas loin de l'hotel, je bifurque dans une rue de ferrailleurs. En Inde comme dans tous les pays en developpement, on recupere absolument tout ! Je m'engage ensuite dans une petite rue ensoleillee qui parait tranquille, seuls quelques enfants jouent au milieu de la chaussee. Bientot un groupe de 4gamins vient vers moi en riant. Ils veulent que je les prenne en photo, aussitot demande, aussitot fait et puis l'un d'eux s'engouffre dans une maison, dont ressort bientot un homme replet, en marcle et dhoti blancs.

    Il me salue et m'invite a rentrer chez lui. Pourquoi pas ? Je me dechausse, il me presente sa femme, sa belle-soeur, sa vieille voisine d'a cote, ses enfants... Ca crie un peu dans tous les sens, les gosses ont prevenu leurs copains de ma presence. Ils rentrent dans la maison comme dans un moulin pour me regarder en souriant !

    Mon hote m'offre bien vite une chaise et me propose un the que sa femme part preparer dans la cuisine. Elle en revient avec un tchai, et une assiette sur laquelle sont poses bananes et biscuits. Je les invite a partager cela avec moi, mais non-non, ce n'est que pour moi ! Ils me demandent, c'est le rituel, mon nom, mon paus, mon job, si je suis mariee, pourquoi je voyage seule, ou je vais... Le maitre des lieux parle un bon anglais, il m'explique qu'il est exportateur de pommes de terre pour le Sri Lanka>.

    On continue a discuter au milieu des allees et venues des enfants du quartier. Sa femme me ramene des morceaux de papaye. Ils regrettent que je ne reste qu'une journee a Mettupalayam. Et moi aussi ! Car dans cette ville soudain, voila des gestes de generosite veritable, d'interet desinteresse pour cette figure etrangere que je represente.

    Au bout d'une heure, je les remercie 1000 fois et prends toute la famille en photo avant de continuer mon chemin.

    Ce n'est souvent que la peur qui rend etrange.
    Ce n'est souvent que la peur qui fabrique l'etranger.

     

    Mettupalayam, 23 aout 2011

     

     

     

     

  • Detours indiens - Impression VIII

    Les Indiennes se couvrent d'or : bracelets, colliers, boucles d'oreilles, rien ne brille assez !

    Les bijoux sont lourds et charges, mais non sans elegance.

    Pour rire, a Allepey, nous rentrons dans la tres fastueuse boutique de Jos Alukkas, une chaine de bijouterie haut de gamme. Garde a l'entree, personnel d'accueil, armee de vendeurs en uniforme... Nous observons les joyaux aux prix bien asaisonnes, et si nous repartons bien sur les mains vides, il n'en va pas de meme de nombreuses Indiennes, dont les maris sortent des liasses de billets sur le comptoir.

    Et ils ont bien raison...

    Leurs femmes portent sur elles des fortunes en pleine croissance ! Chaque jour, les journaux que nous lisons s'enthousiasment pour la flambee des cours de l'or.
    C'est bien connu, toute femme est un tresor. 

    Allepey, 19 aout 2011

  • Detours indiens - Impression VII

    "Revolootion"

    A la gare de Varkala, en partance pour Allepey, j'achete une revue indienne intitulee "The week". Un editorial attire notre attention. La journaliste y suggere qu'avant toutes choses, l'Inde doit proceder a une revolution... des toilettes publiques !

    Et en effet, ce programme d'action tres concret nous parait une excellente idee ! Combien de fois dans les villes que nous traversons, une epouvantable odeur d'urine nous agresse les narines ! Les hommes n'eprouvent apparemment aucune vergogne a se soulager ou bon leur semble. Si l'on en croit l'article, cela tient en grande partie du fait que les toilettes publiques -quand elles existent !- ne sont absolument pas entretenues, ce qui incite a trouver d'autres solutions moins hygieniques.

    Et si l'on devait proposer les 2e et 3e phases  a cette revolution, ce serait :
    a) l'instauration de poubelles dans les lieux publics. Les tas d'immondices dans les rues sont d'une triviale banalite; et que dire du comportement de nos voisins du train ? En sleeper class, tous les passagers jettent allegrement leurs dechets par la fenetre !resue

    b) la suppression des emballages inutiles et non-degradables. Dans un pays a la population si nombreuse, il n'est simplement pas possible de distribuer a tout va des sacs plastiques et de vendre des produits dans des conditionnements voues a etre jetes dans la minute. 

    C'etait le coup de gueule du jour !

     

    Allepey, 18 aout 2011

  • Detours indiens - Impression VI

    Un tigre dans la salle de bain !

    A Varkala, petite ville balneaire du Kerala ou nous sommes desormais, nous avons pose nos valises au Bamboo House, sympathique ensemble hotelier compose de chalets en … bambou, et installe au bord de la falaise qui fait la renommee de l’endroit.

    Ce soir, après avoir mange un poisson grille sur les hauteurs face a la mer, nous rentrons contentes et repues. Comme la nuit arrive vers 18h30, nous avons pris l’habitude de diner et nous coucher assez tot, vers 23h.

    Juste avant d’aller rejoinder Morphee, je passe a la salle de bain et c’est la que je le vois une premiere fois, l’ANIMAL !

    Il passe d’abord furtif et se tapit derriere le lavabo. Je ne dis pas un mot, ni ne prononce un son, pour qu’il ne me saute pas a la gorge. Je me rapproche, temeraire, et apercoit le bout de son museau… non, c’est trop !

    Vite je sors et avertis Laure de la presence de cet intrus effrayant. Ni une, ni deux, elle se decide a l’affronter et part a son tour vers la salle d’eau. Soudain, j’entends un avertissement profere a voix bien haute “Il est passé dans la chambre !”. En moins de deux secondes, je suis debout sur le lit, pousse un vibrant “Ahhh!” (pauvres voisins de hutte, ils ont du se demander…) et cherche des yeux l’animal depuis mon refuge sureleve. Laure revient a petits pas dans la chambre. En silence, nous observons tout ce qui pourrait faire penser a um movement inhabituel et decidons finalement d’explorer les dessous du lit, de la table, des tables de nuit grace a la lampe frontale de Laure.

    Pff, on respire, l’investigation n’a rien donne, l’ANIMAL a du se faufiler sous la ported’entrée.

     

    Morale de cette histoire : c’est fou l’effet que peut faire… une souris ;-)

    Varkala, 17 aout 2011