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Ventana abierta, open world - Page 19

  • O comme Obéron

    _ What the fuck ?!

    _Sire, sire, ici on dit « what the duck »… vous voyez… pour ne pas sombrer dans la vulgarité.

    _Damned ! Voilà qu’il faudrait que j’insulte les canards ! Foutez-moi la paix, depuis quand un roi ne peut-il s’exprimer à sa guise ?

    _C’est que la convenance…

    _Laissons aux cons la convenance et aux canards les cancans. Le roi des Elfes n’a-t-il pas tous les droits ? Alors laissez-moi fucker gaiement !

     

    Obéron superstar !
    Personnage de la comédie de Shakespeare « Le songe d’une nuit d’été » (1594)

    Obéron par Marcelo Gomes - ballet de Balanchine.jpg

    Marcelo Gomes jouant Obéron
    dans le ballet de Balanchine inspiré de "Midsummer's night dream"

  • N comme Nicot

    Jean Nicot.gifParce qu’il faut rendre à César ce qui est à César, je rends pour une lettre à Nicot ce qui est à Nicot. Alors Jean, voilà, je m’agenouille : respect l’ami !

    Mais quoi ? J’entends des murmures interloqués, « mais qui c’est, qui c’est ? ». Vous ne connaissez pas Jean Nicot ? Vraiment ? Et d’où pensez-vous donc que vient la nicotine ? Pousserait-elle sur un nicotin ? Eh bien non, la nicotine rend hommage à celui qui l’introduisit en France en la faisant connaître à Catherine de Médicis…pour soigner les migraines, si l’on veut être précis.

    Ce n’est pas là cependant que nous voulions en venir. Si pour une lettre je rends à Nicot son dû, c’est qu’il est l’auteur d’un admirable Grand Dictionnaire, véritable monument de la langue de la Renaissance et de ses origines latines.

    Comme quoi les diplomates savent parfois se rendre fort utiles !

     

    Le « Thrésor de la langue françoyse » (1606) de Jean Nicot est intégralement disponible en ligne… Bénissons la numérisation !

    N comme Nicot.jpg

  • M comme Moi, Léonard

    J’aimerais vous parler de Salaï. Sûrement le bruit qui court aura déjà atteint vos oreilles. Lorsque je l’ai vu la première fois, mes yeux ont vite cligné, comme si sa beauté angélique m’empêchait de le fixer. Il me regardait muet, debout à côté de son père, et je savais qu’il serait bientôt mon disciple. Je voulais tout lui apprendre : le choix des pigments, le trait du pinceau, l’expression saisie… Je voulais tout lui donner et qu’en retour il me donne tout, que sa beauté s’invite à la table des muses, qu’il soit toujours près de moi, mon inspiration en chair et en os.  Salaï, tendre Salaï, je poserai ton visage sur une œuvre impérissable, au cœur de ma toile, tu souriras à peine, tu seras une énigme. Lentement très lentement je te peindrai, peu importe les infidélités à ton image car au final, la toile, bien sûr aura ta sublime perfection, non que je veuille me vanter d’un quelconque génie, mais une muse à toi pareille comment saurait-elle égarer le peintre ébahi.
    Salaï, doux Salaï, on te chérira sans doute comme je t’ai chéri.

     

    Confession de Léonard de Vinci (1452-1519)

    Salaï fut l’amant de Léonard de Vinci qui reprit ses traits pour son Saint Jean-Baptiste, et selon certains, pour Mona Lisa.

    Extrait de la BD Léonard & Salaï.jpg
    Planche extraite de la BD Léonard & Salaï, de Lacombe et Echegoyen (2014)

     

  • L comme Lépante

    « Nous avons gagné, nous avons gagné ! » a crié un jeune homme dans les rues de Venise. A travers les canaux, sur la place Saint-Marc, aux fenêtres des palais, le bruit s’est répandu à la vitesse de l’éclair. La république de Venise a triomphé ; on parle même d’une victoire écrasante, historique, face aux Turcs. Peut-être cette fois-ci va-t-on enfin faire cesser leur contrôle indécent de la Méditerranée.

    En ce qui me concerne, j’ai toujours fait du bon négoce avec les Ottomans : je leur vends des tissus précieux et du verre et leur achète soie, épices et cuir, dont je revends ensuite une partie vers l’Occident. Autant le dire, mon commerce est extrêmement florissant. J’ai fait bâtir dans le quartier du Rialto un palais si beau que même le doge me l’envie. Mes fêtes sont parmi les plus courues de tout Venise ; on y admire des festivals de tenues plus éblouissantes les unes que les autres et on y mange des plats au raffinement sans pareil. Sans toutes nos importations venues droit de la Sublime Porte, notre luxe serait bien moins éclatant, je le concède.

    Enfin, on ne pouvait plus les laisser agir ainsi en toute impunité. Régulièrement à nos oreilles nous revenaient des récits effroyables de razzias turques en Méditerranée : des navires assiégés, des marchandises entièrement pillées et des hommes assassinés… De la mesure, que diable ! Et voilà, qu’ils avaient pris Nicosie, saccagé la ville et massacré ses habitants. Malgré tout le respect que j’ai pour les Ottomans, c’en était trop, et je dois dire qu’à l’instar de nombreux riches Vénitiens, je m’étais réjoui aux échos de la création de la Sainte-Ligue.

    Une défaite en bonne et due forme, une raclée en somme, calmerait peut-être leurs ardeurs de conquête et nous laisserait du champ pour étendre nos commerces. Alors quand ce jour-là j’entendis ces cris de victoire, je demandais aussitôt aux valets de sortir quelques bouteilles de prosecco ; un messager partait quant à lui inviter quelques négociants amis.

    Ce soir-là, autour d’une table bien garnie, le vin coula à flot ; on célébra Don Juan d’Autriche, Pie V, la Sérénissime et les vaillants soldats morts au combat. Nous imaginions déjà nos coffres toujours plus remplis. Lépante méritait bien plusieurs brindisi !"

     

    Mémoires (un peu fictives) de Giacoppo Alidosio, marchand à Venise, octobre 1571
    (qui n’imaginait pas que malgré la victoire, Venise continuerait à décliner)

    La bataille de Lépante - Véronèse.jpg

    La bataille de Lépante par Véronèse (1572)

     

    Et puis, pour en savoir un peu plus... Lépante par Fernand Braudel (archives INA), la bataille en détails !, et pour les plus curieux Contribution à l'étude du commerce vénitien dans l'Empire Ottoman au milieu du XVIe siècle

  • K comme Karat

    J’avais remarqué depuis plusieurs jours les volets fermés. Ma meuf m’avait dit « Occupe-toi de tes oignons » ou «  Plus commère que toi, tu meurs », un truc du genre. Enfin, moi, je le savais bien, que les voisins du 3e étage dans la tour d’en face, ils ouvraient toujours leurs volets à 7h15 pour les fermer à 21h. Hiver comme été, des vraies pendules. Elle, je l’avais entrevue plusieurs fois dans l’embrasure de sa fenêtre. Une jeune dis donc. Moi au début, j’étais convaincu que pour vivre de manière aussi réglée, ils ne pouvaient être que des petits vieux casaniers (bon, ils auraient aussi pu être militaires, mais un couple de militaires dans ce quartier, ça s’était jamais vu). Enfin, en tout cas, elle était jeune, plutôt mignonne même, une petite brune assez mince m’avait-il semblé. Son gars, non, jamais vu. Juste une fois, alors qu’elle fermait les volets, je l’avais entendu qui criait : « Bordel, je t’avais dit pas de coups ! ». Je sais pas à qui il parlait. À elle ?

    Mais bon, là ces volets fermés, c’était quand même bizarre. « Et les vacances, me disait ma meuf ? Tu crois pas qu’ils ont parfois des vacances ! ». Moi ce que je dis c’est que ça fait un an qu’ils vivaient là et jamais ils s’étaient cassés. J’élaborais des tas de scénarios insensés. Cambriolage qui aurait mal tourné ; crime passionnel ; fuite de gaz ; je voyais un truc dramatique, peut-être que j’avais trop souvent regardé « Faites entrer l’accusé ».

    Et puis un jour, c’était un samedi, y’a plusieurs fourgonnettes de policiers qui ont débarqué en bas de leur immeuble. Quelques minutes plus tard, les flics ouvraient les volets. Par la fenêtre ouverte, je les ai matés, ils fouillaient partout ! « Ah tu vois, je répétais à ma gonzesse, je le savais ! ». Je surveillais bien la porte d’entrée de l’immeuble, je les imaginais déjà sortir des corps dans des bâches en plastique noir. Mais rien, ils ont juste refermé les volets, et mon pote Tommy qui habite dans cet immeuble au 1er étage m’a quand même dit qu’ils avaient « posé des scellés ». C’était cool ça déjà, ambiance « Les experts », ma série télé préférée.

    Le lundi, les journaux du coin titraient : « Les voleurs de la place Vendôme identifiés, mais en fuite ! ».
    Leur butin : plusieurs millions d’euros en pièces d’orfèvrerie. Des carats, en veux-tu, en voilà.

    Putain, j’ai soupiré.

     

    Karat, premier des trois seuls mots commençant par K figurant dans le dictionnaire de Jean Nicot

    Cartier expo2.jpgCartier expo1.jpg       Cartier expo3.jpg          

    Bijoux de Cartier exposés au Grand Palais en 2013