Je n'ai pas trop écouté le docteur qui m'avait dit de ne pas trop m'agiter... et je suis allée voir si mon pas rentrait dans le pas de l'Indien...
Ventana abierta, open world - Page 14
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Dans le pas de l'Indien...
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Vivre à Capilla del Monte
Capilla del Monte est un village étrange, et sans doute très argentin, dans son hétérogénéité. Ici, la population native se mélange avec ceux qu’Alicia, la gérante de l’hôtel boutique oú je dors, appelle les « hippies productifs », ceux qui sont venus chercher le flower power, tout en se dédiant à une activité (commerce d’artisanats, de produits naturels ; thérapies alternatives [reiki, aromathérapie…], les « hippies fumeurs », ceux qui passent la plupart de leurs journées à profiter de la vie en fumant de joints, et puis les citadins, de Buenos Aires, de Cordoba ou Santa Fé, qui désireux de changer de vie, sont venus s’installer dans ce petit coin de « paradis », loin, très loin du stress de la ville. Comme Alicia, la plupart de ces citadins se sont reconvertis et lancés dans l’hôtellerie. Alicia me raconte que son mari était auparavant associé chez Deloitte [le cabinet de consultants US, considéré comme l’un des Big 5 mondiaux de l’audit]. Il y a une saison pour tout…
On se demande comment ce petit monde coexiste… Les locaux [qu’on appelle les « serrano », ceux de la Sierra] me semblent vivre avec beaucoup de distance le brouhaha lié au cerro Uritorco et ses énergies célestes… Plusieurs d’entre eux m’indiquent qu’ils n’ont même jamais fait l’ascension de la montagne, ou que s’ils l’ont faite c’était il y a plus de 20 ans et qu’ils n’ont pas été suffisamment marqués pour recommencer. L’un d’eux me raconte que le village n’est plus aussi tranquille qu’avant. Une prison a été ouverte à 40 kms de la, et depuis Capilla del Monte doit faire face à une délinquance plus élevée, due selon lui aux familles et entourages des prisonniers qui désormais traversent le village pour aller leur rendre visite…
Les hippies, eux, semblent couler des jours heureux sous le climat chaud et sec de la ville. Tout tourne au ralenti ou vu autrement, ici, on prend son temps. Comme il fait chaud, les commerces ferment entre 13h et 18h. Après-midi, ville morte. Quand enfin la chaleur un peu décline et que le vent du soir se lève, les rues du centre de nouveau timidement se « remplissent ». En marchant 20 minutes, vous rencontrerez probablement 3 fois les mêmes personnes !
Et puis, il y a ces maisons énormes et anciennes, vestiges d’un temps passé, ou Capilla del Monte devait abriter une bourgeoisie de récents immigres, amenant avec eux des souvenirs de la lointaine Europe. Souvent les volets sont clos et il y a derrière des mondes envolés.
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A l'assaut de l'Uritorco
Aujourd’hui, je suis partie faire l’ascension de l’Uritorco, près de 2000 mètres d’altitude (c’est pas rien, surtout pour une tuberculeuse !). Lever à 7h, un « remis » (taxi privé) m’attendait pour m’amener au pied de la montagne. Le cerro Uritorco a cette affreuse particularité, tant argentine, d’être une montagne privée… dont l’entrée, qui ne se fait pas avant 8h du matin, coute la bagatelle de 130 pesos (soit 40 croissants, pour vous donner une idée !). Un scandale, mais j’en parle dans les Chroniques de Buenos Aires.
Ça valait le coup de se lever un peu tôt, je fais les deux premières heures d’ascension à l’ombre, et quand on sait que le soleil une fois au zénith chauffe à 34 degrés, autant dire que la « fraicheur matinale » se fait apprécier.
Je monte a rythme très lent, tousse sans cesse, suis sur le point de me décoller la plèvre à plusieurs reprises, mais persiste… tout ça, parce que je suis une vraie chèvre. Le Cerro Uritorco est un immense massif granitique. L’ascension se fait dans la rocaille, juste ce que j’aime. Choisir ses appuis, s’ancrer dans le sol et impulser. De roche en roche. On m’avait dit de prendre un bâton, mais c’est inutile ; j’en ai deux très fiables et ils sont vissés à mes hanches. Je ne remercierai jamais assez mes jambes ni mes pieds de me porter avec autant de sacrifice et de dévouement. On n’admire pas suffisamment l’incroyable dextérité de la race caprine…
Et puis je suis fascinée par ces énormes blocs de granit rose, qui racontent l’histoire de la terre, qui ont vu passer tant d’Indiens avant les Espagnols et qui portent en eux des légendes, des combats, des traversées, des initiations, des rituels, des dieux vénérés. Quand je serai poussière, j’aimerais être du granit rose.
J’en rapporterai au final plus d’un kilo dans mon sac a dos (c’est mal, mais c’est déjà ça de pris sur les Anchorena !).
La flore est riche et variée, des odeurs de buis arrivent à passer la tranchée encombrée de mon nez, des oiseaux chantent partout et je croise même un colibri. Après plus de trois heures de marche et des visions étranges comme ces champs de cheveux blonds, balancés au gré des vents, j’arrive au sommet. Ce n’est pas que ce soit spectaculaire, bien que la vue sur la sierra soit intéressante, mais la seule atteinte du sommet sonne comme un miracle. Merci jambes, pieds (et aussi un peu, volonté).
Tout là-haut, le vent souffle en rafale. Des bourrasques à faire tomber d’un rocher. D’autres condors tourbillonnent, et certains randonneurs s’assoient pour méditer. Je reste une heure à contempler la vue, reposer mes poumons et sauter encore un peu de rocher de cime en rocher de cime.
Le retour se fait sous un cagnard « tremendo ». Je bois sans cesse, me couvre de crème. Et croise beaucoup d’inconscients en pleine ascension. Lorsque je rentre enfin à l’hotel, il est 14h. Je vais faire quelques longueurs dans la piscine de mosaïque verte pour détendre mes jambes, puis je vais enfin m’octroyer un déjeuner bien mérité. Il est déjà 18h !
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Dans les sierras de Cordoba... a Capilla del Monte
Cela faisait un petit moment que j'avais entendu parler de Capilla del Monte, un village situé au nord de Cordoba dans les sierras. Je n'avais pas retenu spécifiquement ce que le pueblo avait d'attrayant, mais comme j'avais en tête plusieurs recommandations, je me suis dit que ce serait un bon lieu pour des vacances au calme.
Et calmes, elles le sont, d'abord parce que je suis souffreteuse depuis deux semaines, un rhume transformé en bronchite, qui refuse de partir. Deux médecins vus a Buenos Aires, dont l'un a deux heures du matin, en pleine coupure de courant dans le quartier (oscultation a la lumiere d'une veilleuse dans le couloir de l'immeuble, sous l'oeil attentif du concierge qui par extraordinaire se trouvait la... rien d'autre a faire sans doute a deux heures du matin!), et puis finalement un 3e ici a Capilla (fort gracieusement payé par l'hôtel!).
Je carbure a 4 ou 5 antibiotiques par jour, en fait je me demande si je n'ai pas la tuberculose, JAJA!
Mais ca ne serait pas grave, car justement on dit que l'air chaud et sec des sierras de Cordoba est idéal pour les personnes aux poumons fragiles.... comme le Che, par exemple. On ne sait jamais ce qu'il adviendra de mois apres ce jour en terres pré-révolutionnaires...
Enfin, le Che était a Alta Gracia, un autre village a l'ouest de Cordoba; a Capilla del Monte, ce qu'on venere, ce n'est pas l'homme au béret étoilé, ce sont les puissances célestes...
Le village est né aux pieds du Cerro Uritorco, auxquels on attribue d'etranges pouvoirs. Cet énorme massif granitique serait le terrain de phénoménes surnaturels, quand ce ne serait pas tout simplement une base extra-terrestre...
Cette mythologie autour du lieu a attiré des centaines de "hippies", adeptes du "new age", des médecines alternatives, ou encore de la recherche personnelle. Parfois évidemment, on se demande ou est la frontiere avec le charlatan. Il y aurait a Capilla del Monte des énergies particulieres, capables de nous reconnecter avec nous-mêmes (puisqu'on sait tous qu'on est un peu perdu dans le fond ;-)
Un matin, au petit-déjeuner a l'hotel, un guitariste doué d'ailleurs et sa femme sont venues chanter des mantras. Je crois qu'il s'adressait surtout au groupe de Brésiliens qui est en ce moment hébergé ici, et qui vient spécifiquement pour suivre les lecons d'un chamane. Tout le monde chantait ces incantations étranges, et comme je suis bon public, je m'y suis mise aussi! (avec ma voix completement éteinte, mais je remuais les levres!). A la fin, les 10 membres du groupe sont allés donner une longue étreinte a la chanteuse et au guitariste. Visiblement, ils étaient tres connectés! Pas de chichi, je vais donner un abrazo moi aussi, et la chanteuse, personne charmante et charismatique, en me voyant avec mon air décomposé, m'a proposé de m'adresser aux "médecins du ciel"... Ah ben oui, tiens, ils auront sans doute un avis sur l'état de mes bronches. Je ne me moque pas, on ne sait jamais, la vie est pleine de surprises.
Malgré ma fatigue un peu folle, je m'astreins a marcher environ 3h par jour, parce que je ne vais pas rester enfermée a l'hotel. Du coup, voila, vous pouvez profiter un peu de mes clichés : des balades dans la sierra aride, des rencontres animales, et des formations géologiques a couper le souffle!
A suivre demain, si les extra-terrestres ne m'ont pas enlevée!
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Cordoba, de-ci, de-là
Cathédrale de Cordoba
Faire des bulles, faire des ronds... a Cordoba, sinon non
Couvent des carmélites déchaussées. Elles vont donc nu pied.
Escalier du Palacio Ferreyra. Y'en'a qui se la péte un peu... et d'autres qui nettoient
Le Palacio Ferreyra vu de l'extérieur avec palmeras et tout le tralala. Sacré Charles ! Aussi passé par la.
Vendeur de fruits cordobés bientôt au chômage techniqueEt hop, encore une plaza San Martin. Ce mec a vraiment le monopole des coeurs !