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Argentine, de Buenos Aires à la Patagonie - Page 2

  • Ischigualasto et Talampaya

    Partis depuis la ville de San Juan, nous avons parcouru en tout plus de 1800 kms sur des routes la plupart du temps sublimes, très représentatives des grands espaces argentins. La particularité du Nord-Ouest, au pied de la Cordillère des Andes est d’être extrêmement aride. Très peu de forêts (sauf dans la Valle Fertil, à l’est de San Juan), et beaucoup de végétation d’arbustes résistants. Au cours de notre périple, nous sommes grimpés jusqu’à 4300 mètres d’altitude (Laguna Brava) et avons pu admirer une Sierra isolée incroyable, la Famatina, qui culmine à plus de 6500 mètres.

    Ce qui fait la réputation de San Juan et la Rioja, ce sont particulièrement ces parcs :

    • Ischigualasto (ou Vallée de la Lune), côté San Juan
    • Talampaya, côté La Rioja

    Ils ne sont distants que de 100 kms, et de fait ils appartiennent au même ensemble géologique. Cet immense territoire surgi durant la période Triasique (ère mézozoïque, il y 250 millions d’années) est connu pour les squelettes de dinosaures que l’on y a trouvés. Mais au-delà, on vient surtout y admirer les paysages incroyables que la nature y a sculptés depuis… un bon petit moment donc !

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    A Ischigualasto, on est frappé par les vision désertiques, les roches pleines de cuivre, de souffre, d’argile, et par les formations étranges liées à l’érosion : le sous-marin, le champignon ou encore le sphynx. Difficile d’imaginer qu’il y a des millions d’années se trouvaient là de gigantesques lacs. L’immense cordon rocheux rougeoyant qui sépare Ischigualasto de Talampaya est à découvrir à la tombée du soleil, quand les couleurs semblent sursaturées !

     

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    Après avoir visité la Vallée de la Lune, nous avons dormi à Pagancillo, un tout petit village qui profite de sa proximité avec Talampaya. Quelques cabañas y ont éclos ; nous avons atterri dans l’une d’elles, recommandée par un gars en charge du contrôle phyto-sanitaire sur la route (à la frontière de San Juan et la Rioja). De fait, il ne nous a pas demandé si on avait des fruits, mais juste dit qu’il fallait dormir à tel endroit à Pagancillo ! Le soir, nous avons mangé dans un petit resto bien rustique face à l’église du village : les meilleures empanadas que nous ayons jamais mangées !!

    Dire que la cabaña était chouette serait un doux mensonge (des toiles d’araignée partout, de la vaisselle sale, … !), mais pour une nuit, elle a bien fait l’affaire !

    Le lendemain, nous avons parcouru l’incroyable route menant à la Cuesta de Miranda (un col à près de 3000 mètre d’altitude). Juste après Pagancillo, la route a été construite au milieu de formations rocheuses sublimes, là aussi pleines de fer, donc d’un rouge éblouissant. Et puis des strates incroyables, des mouvements de roches qui se tordent, qui se dressent, qui s’extirpent… On ne croise aucune voiture sur la route, car théoriquement elle est fermée pour travaux (à partir de ce jour-même) ! On a bien fait de s’y aventurer, car les légendaires retards argentins semblaient encore avoir sévi.

     

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    Dans toute la zone de San Juan et La Rioja, nous rencontrons beaucoup de villages ou lieu-dit quasi abandonnées. Les maisons en adobe restent les témoins d’un temps passé…  Ceux qui restent vivre ici doivent avoir un goût profond de la solitude.

    Dans l’après-midi, nous arrivons au parc de Talampaya. Nous pestons comme des damnés sur le prix prohibitif… 400 pesos l’entrée pour un tour de 2H (soit près de 40 euros au taux officiel), c’est du vol organisé ! Un panneau essaie bien d’expliquer les différents coûts couverts par ce prix, mais personne n’est dupe. Encore une fois, on se dit qu’un politique bien véreux a dû être très arrosé pour octroyer la concession du parc à une entreprise privée qui y pratique ce genre de tarifs. Et les familles argentines avec des enfants, elles font comment, hein ??

     

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    Au final, Igor et moi sommes les 2 derniers clients ce jour-là, alors nous avons droit à une visite très privée ! Ce qui frappe à Talampaya, c’est le magnifique canyon de 150 mètres de haut. On y trouve aussi des pétroglypes attribués à la tribu des Diaguitas qui a longtemps dominé une vaste zone du Nord de l’Argentine (jusqu’à Cordoba). Plus loin, d’autres formations insolites, telles que Le Moine, le jeu d’échecs, complètent la visite au soleil tombant.

     

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    Sierra Famatina

     

     

  • Voyage à San Juan et La Rioja (1ere partie)

    « Coincées » entre Mendoza et Salta, les provinces de San Juan et de la Rioja ont connu un développement touristique plus lent, bien qu’elles aient beaucoup à offrir… Alors hop, ni une ni deux, nous voilà Igor et moi partis pour le Nord-Ouest argentin !

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    Bon je dis hop, ni 1 ni 2, comme si ça s’était fait en un claquement de doigts, alors que non, hein ! Avant de fouler le pied de l’aéroport de San Juan, il nous a fallu lutter sévèrement contre la compagnie Aerolineas Argentinas… Notre avion partait initialement le 31 mars, jour où tout le pays a décidé de se mettre en grève générale. Nous avions eu du nez pour la date ;-) Résultat, nous avons finalement dû décaler d’une semaine. Cependant, certains changements forcés ont parfois du bon… Nous avons non seulement eu beaucoup moins de monde – initialement nous partions pendant un WE férié de 4 jours- mais qui plus est, nous avons eu un temps bien plus radieux ! Bref, le destin et ses desseins…

     

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    Après, il nous a fallu encore nous battre un peu… arrivés à San Juan, nous sommes allés récupérer notre voiture de location, réservée sur internet. On présente le permis, la somme correspondant à la semaine de location, quand l’employé de l’agence me demande ma carte de crédit. Que je n’avais évidemment pas emmenée (en Argentine, je gère tout avec une simple carte de débit). On négocie finalement pour qu’il accepte que nous versions la garantie de la voiture en cash (une assez grosse somme donc !). Mais là, nouveau problème résoudre, aller retirer de l’argent à la succursale de ma banque (non pas au distributeur, car la somme est trop élevée, mais à la caisse). Il est 12h, le gars nous dit qu’il ferme à 12h30 (jusqu’à 17h !! Ce sont les horaires dans les provinces intérieures de l’Argentine, sieste oblige).

    On court jusqu’au Banco Francés… oui mais c’est le premier lundi du mois ! Des centaines de gens s’entassent dans la banque pour retirer leur salaire, leurs allocations & co. Ça sent un peu le roussi, pas vrai ? Encore plus quand je me rappelle que mon compte bancaire est enregistré avec mon ancien numéro de passeport et que je voyage avec le nouveau… ahahahahah. En l’espace de 10 minutes, l’hôtesse d’accueil finit quand même par retrouver mon compte ; un garde de sécurité m’emmène jusqu’à la caisse (notez qu’en passant je grille tout le monde, on ne sait pas comment, sans doute ma tête de touriste désespérée ;-). Et quand j’arrive à la caisse, évidemment, le gars me dit, « je ne peux pas vous verser cet argent, si vous ne me présentez pas la bonne pièce d’identité ». Je lui explique que je ne l’ai pas, car elle est périmée ; et il m’envoie dans les bas-fonds de la banque. Chez le trésorier général. L’homme moustachu me reçoit dans sa « cave ». Il est 12h20, tic tac tic tac. J’appelle le garagiste et préviens qu’avant 13h, nous ne pourrons pas être là. Il accepte. Ouf, un petit sursis. Le trésorier écoute mon histoire, regarde mes papiers et me dit, « Nous avons besoin de l’autorisation de votre agence à Buenos Aires ». Là, tout de suite, je m’imagine passer 3 jours, 3 nuits dans la banque, attendant l’accord de BA… Je le vois partir vers son ordinateur, taper plein de trucs, puis finalement passer des coups de fil. Eh bien croyez-le ou non, en 15 minutes, il obtient le fameux sésame, me raccompagne personnellement à la caisse et £ € $# ! je reçois mes précieux sous !! À partir de là, il était clair que tout allait bien se passer :-)

    On repart d’un pas pressé chez le garagiste, on déballe nos liasses de billets et hop la Chevrolet Corsa est à nous !!

     

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    Elle est un peu longue, non, mon introduction ?

    Alors la suite du voyage, ce sera pour demain !

  • A Santa Catalina, encore une fois

    C’est une chance d’avoir des amis comme les nôtres… Nous sommes partis le WE dernier dans la province de Santa Fe, pour passer 4 jours dans l’estancia d’André et Monique, les parents de notre copine Emilie. Nous y avions déjà passé quelques jours il y a un peu plus d’un an.

    Quel plaisir que de retrouver les paysages incroyables du delta du Parana : le calme de l’immense fleuve, le labyrinthe des îles, les oiseaux siffleurs, les arbres fastueux. Passer de Buenos Aires à Santa Catalina, c’est un peu comme découvrir le goût de la gariguette.

    Repas de fête, repos sous les arbres repus, puis glisser sur le fleuve à l’aube pour découvrir les prises dans les filets, plus tard tendre la canne à pêche aux poissons décidément fuyants !, regarder les nénuphars où l’on pourrait dormir et leurs fleurs à la chair tendre, craindre les palometas, piranhas locaux aux dents redoutablement effilées, mais moins que celles du Vampire !

    Que de beaux moments passés autour de la table, cuantas risas !

    Mais oui, nous reviendrons :-)

     

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  • Ciel d'une nuit d'été à Buenos Aires

    Les tragédies de la semaine semblent avoir suspendu le temps, et pourtant les saisons continuent de tourner. Depuis ma fenêtre, au 14e étage d'un immeuble du quartier de Congreso, le ciel estival offre des spectacles à couper le souffle. Rappelant que nous sommes des petits grains minuscules dans l'univers, mais des grains qui ont parfois un grain. Des grains qui ont perdu la capacité de s'émerveiller, de voir et protéger ce monde qui soutient notre marche.

    Enfin, j'aurais bien envie d'inviter tout plein de monde à ma fenêtre, pour qu'on regarde ensemble comme le ciel flamboie sans brûler qui que ce soit, comme le ciel hypnotise en invitant à l'enchantement. On boirait quelques verres, et on se raconterait des blagues. On se dirait que la vie est belle.

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  • Sur l'estancia jésuite de la Candelaria

    Je quitte Capilla del Monte peu avant midi, en direction de Cruz del Eje. Je dois y retrouver Virginia, la propriétaire d’une estancia perdue au fond de la Sierra. Elle vient justement acheter des graines pour ses poules et je peux donc profiter du déplacement pour rentrer avec elle jusqu’à l’estancia. Je l’attends dans la gare routière de Cruz del Eje, indolente et endormie. J’ai encore du mal à respirer, mes poumons dans une cage, ne rien faire, laisser le temps soigner.

    Virginia arrive avec sa chemise de bûcheron, rose et violette. Sans conteste, c’est une forte femme. Des cheveux aux reflets roux ondulés, des lunettes rectangulaires sévères, et un gros pick-up rempli de sacs de graines. On cale tant bien que mal ma valise à l’arrière, et en route vers Puesto Viejo.

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    Nous avons un peu plus d’1h de voyage avant d’arriver. C’est l’occasion de découvrir le parcours hors-norme de la propriétaire. Virginia a un patronyme français, son arrière grand-père était bourguignon ; elle parle d’ailleurs français, ce qui est plutôt une exception. Les langues se perdent si vite au rythme de l’intégration. Il y a 15 ans environ, elle a décidé d’acheter une estancia dans la sierra de Cordoba, ou elle s’installe divorcée, avec ses trois garçons. L’estancia Puesto Viejo était l’un des postes d’une vaste estancia jésuite de 300 000 ha : la Candelaria.

    Pendant 8 ans, Virginia a travaillé comme guide touristique dans la région de Cordoba, et un jour à l’occasion d’une sortie à cheval avec un groupe, elle arrive là au beau milieu de la sierra, sur un terrain abandonné avec un petit rancho en ruine. Ce lieu, elle en a rêvé et il est soudain sous ses yeux. Le ciel a perte de vue, les champs plutôt verdoyants, les montagnes pleines de mystères dans tous les horizons, le fleuve et ses gros rochers en contrebas, les chants d’oiseaux, l’âme du lieu.

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    Virginia se renseigne et finit par acquérir le terrain ou elle fait construire sur les fondations du rancho existant, son estancia : Puesto Viejo. Elle construit sa maison fidèle à son « rêve ». Il ne faut jamais cesser de rêver, car de la seulement surgissent nos réalités concrètes. Le rêve est une projection du futur. Forme de l’idée. Il y a quelque part dans nos cerveaux cette faculté inouïe à dessiner ce qui nous rend heureux. On ne le voit pas toujours. On ne s’écoute pas toujours.

    Pour arriver à l’estancia, nous traversons d’abord San Marcos Sierra, un très joli pueblo aux maisons colorées. Les habitants ont dans un vote refusé que la route soit asphaltée. Plus hippie que San Marcos ne se fait pas, me dit Virginia. Un jour, je pourrais y revenir et m’asseoir à l’une des terrasses le long de la place. Nous empruntons ensuite un chemin de terre qui s’enfonce dans la Sierra.

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    Il est vraiment difficile de décrire ces paysages sublimes et étranges. Un chemin de terre et rocailleux (emprunté par le Dakar et par un moto-cross international) court sinueux dans une végétation sèche et résistante. On grimpe, on descend, avec derrière chaque virage de nouvelles surprises, un nuage inattendu sur un ciel bleu tranchant, une ligne de montagne fortuite, et plus loin encore le fleuve qu’on traverse a cru. Soleil de fond. Sans même se concentrer, vous sentez les particules de lumière. La lumière traversante, les corps non pas incandescents, mais absorbants. Tout est lumière (le chien a mes pieds s’étire dans un grognement, il s’appelle India, ce chien blond perdu en terres indiennes).

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    Bientôt le portail est la : Estancia Puesto Viejo. Encore quelques centaines de mètres et nous arrivons au fond d’un petit vallon. Un enclos a poule, des chevaux et des vaches qui paissent, une chèvre engrillagée pour échapper au puma, et la maison avec ses barrières de bois qui racontent des tas d’histoires.

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    Le vent se lève. La poussière se soulève. Les feuillages murmurent. Notre surdité est probablement effarante, tout comme notre aveuglement. Trop de lumières électriques, de klaxons, d’ondes radiophoniques, trop de phares, trop de néons, trop de vacarme, trop de conversations (j’imagine Times Square, que j’aime pourtant, mais n’est-ce pas notre peur de la finitude qui nous oblige a remplir les espaces, les silences ?).

    Dans une petite maison à peine à l’écart, vit Daniel, l’aide de Virginia. Il s’occupe avec elle des 50 têtes de bétail. C’est une vie, qui pour tout étranger parait étrange, pour cet homme aux yeux clairs natif de la Sierra. Mais lui est heureux dans ses montagnes avec ses chevaux et rien d’autre (enfin, tout le reste : l’horizon et la liberté).

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    Je pars bientôt vers le sentier du fleuve, les chiens m’accompagnent ; nous rencontrons les chevaux et les vaches, tranquilles, imperturbables. Juste quelques pas de côté pour me céder la place sur le chemin. Un regard en coin pour s’assurer que l’inconnu n’est pas porteur d’un danger et bientôt de nouveau sous la dent, l’herbe sèche.

    Il faut voir le plaisir des chiens s’ébrouant dans l’eau. Ces fleuves de sierra où semblent tombés des gros cailloux comme pour jouer à cloche-pied sont un miracle d’harmonie. La roche arrondie par l’érosion, les quartz qui brillent de mille feux, au fond de l’eau, sur les chemins, les arbres qui y plongent, le ciel qui s’y regarde. Il n’y a pas plus élégante composition. La peau brûle et le cœur soupire.

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    Peu avant le tomber du soleil, j’irai encore marcher, reviendrai de là où nous sommes arrivées pour surplomber le paysage et voir tant de silence s’étirer. Je repense sans cesse à ce slogan publicitaire si bien trouvé « Le ciel est le plus bel endroit de la terre ». Dans ma marche, je dérange un gros oiseau qui s’envole : ce pourrait bien être une bartavelle, si nous étions au pays de Pagnol.

    Je rentre bientôt, la nuit a pris place : le croissant de lune éclaire presque autant que l’électricité solaire. Virginia me prépare une milanesa servie avec un « vinito » ; la vie et ses options.

    Dans la chambre aux épais murs de chaux, je lis quelques pages de Tom Sawyer et m’enfonce bientôt, mais d’un pas léger vers le sommeil.

     

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