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Argentine, de Buenos Aires à la Patagonie - Page 5

  • Des chevaux et des hommes... Hippodrome de Palermo

    Samedi dernier, c'était la fête du cheval à Buenos Aires !

    L'hippodrome de Palermo était plein comme un oeuf, à l'occasion du Gran Premio Nacional. 17 courses d'affilée, des parieurs en furie, des millions de pesos qui coulaient comme de l'eau de source... Et au final, un grand gagnant : Cooptado !

    Voici quelques photos, et pour en savoir plus, un petit tour du côté des Chroniques de Buenos Aires !

     

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  • Sol Santafesino

    Sortir de Buenos Aires.
    Fuir la ville tentaculaire.

    Laisser pour un instant, pour un instant seulement, les trottoirs trop parcourus, les pavés déglingués, les colectivos en roue libre, les cancans nocturnes, les néons de Corrientes, la vie bruissante de Palermo & cie.

     

    Partir au vert.
    Voir les autres couleurs de l’hiver.

    700 kms à peine, la nuit, une épopée en bus. Elle se dresse, silencieuse, au bout de son allée de cèdres et d’eucalyptus. Santa Catalina. Son jardin planté d’orangers, de citronniers, de cactus et d’avocatiers. Des oiseaux chantent. Des milliers. Ils viennent du fleuve, là-bas, juste de l’autre côté. Au pied de l’estancia séculaire, il court, il glisse, le fleuve San Javier. Delta du Parana. De l’eau et des îles à perte de vue : à 15 kms il faut imaginer en songe, l’autre province, Entre Rios.

    Seuls face au fleuve pour 4 jours, à sentir le soleil, la peau émoustillée, fouler l’herbe, titiller le poisson doré qui se cache au fond de l’eau, observer le cardinal, appeler le veau à peine arrivé sur l’île que la crue récente a rendue apparente. Au village, Santa Rosa, on fête la Sainte patronne ; une escapade pour voir les gauchos défiler (mais aussi toutes les écoles, le camion-poubelle !, et pour clore la marche, une fois les bourrins passés… les « indigènes ». Parfum de scandale quand même ; quelle est la place des Indigènes dans la société argentine ? La fin de peloton, toujours).
    Le  soir, le folklore et la cumbia résonnent, tandis que l’on part retrouver le silence envoûtant de Santa Catalina.

     

    Se lever tôt, mais pas trop. C’est l’hiver.
    A 7h, lentement, profiter de l’ « amanecer ».

    Le soleil se lève sur le delta du Parana. Soleil aux couleurs incendiaires. Départ pour les îles. Journée de pêche. La nature vierge enchante. A 3, ils réussissent en 4h à pêcher à peine une dizaine de poissons dorés (pêche durable…). Sur l’île sauvage, nous avons posé une petite table ; préparé le feu. Bientôt le poisson tout frais glisse dans nos gosiers. Délices du repas auto-procuré !

    Les heures passent, encore quelques cannes usées, mais le poisson se faufile, se fait rebelle. A 19h, le soleil est déjà tombé et l’on repart. La lumière s’éteint sur le fleuve, du rose émaille le bleu profond. Les arbres nus jouent les acteurs de ce spectacle hypnotisant. Des vols de canard, de grues, dans les buissons le long du fleuve, des lucioles par centaines ouvrent la voie. Sur la barque du retour, le vent est frais, encore une fois le silence roi. Paz…

    Santa Fe, santa catalina, santa rosa de calchines, delta du parana, pêche Argentine

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    © photos : Isabelle Laumonier

  • Le coeur à la mer

     

    Route des vacances.JPGLe WE dernier, je suis allée à la Mer.

    La Mer pour les Argentins, c’est sacré… C’est ce truc qu’ils attendent toute l’année, jusqu’à ce qu’arrive l’époque bénie de janvier-février. Les routes se remplissent, les voitures serpentent, il fait chaud, très chaud, et il faut être patient car l’autoroute on se demande où elle est… Alors on regarde par la fenêtre : la Pampa. Des kilomètres et des kilomètres de champs, de vaches, quelques arbres qui jouent les trublions et puis des affiches publicitaires, pour nous divertir les yeux.

     

     

    Au bout, elle est là : bruissante de 1000 vagues, fraîche comme la rosée, ni bleue ni verte ni marron, mais plutôt un mélange de tout ça. Elle a plusieurs noms la Mer, même si pour beaucoup son unique synonyme est Mar del Plata. LA station balnéaire argentine. On s’y agglutine, on s’y amasse, on s’y entasse.

    De mon côté, je me suis arrêtée avant : à Valeria del Mar. Mon amie Flor m’y proposait l’hébergement, dans l’appartement de sa grand-mère. Là, les pins et les eucalyptus se sont ouverts peu à peu à l’immobilier. Ça construit à tour de bras. L’envie de Mer n’est jamais rassasiée. Et non pas qu’on s’y baigne ! Non ! ou si peu… Ce qui compte ici, en définitive, c’est la plage. Ah la plage ! On y arrive avec son parasol, ses chaises, ses jeux de plage, son pique-nique, son maté (évidemment !), sa crème solaire, et on y reste toute la journée. Des connaissances de plages se tissent. Des amitiés se renforcent. Des amours surgissent.

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    On ne fait rien ou pas grand-chose. Le farniente est incarné. Les peaux rougissent, dorent, se craquellent. Elles vouent toutes un culte au soleil. Des châteaux de sable, des vendeurs de plage, des chiens qui s’ébrouent, des cerfs-volants en spectacle, des compét' de foot, des avions sans cesse publicitaires, des balades de droite à gauche puis de gauche à droite, les yeux virevoltent. Puis se ferment, car c’est l’heure de la sieste.

    Et si on partait trotter ? Pinamar n’est pas loin par la plage. Là-bas, des centaines d’entreprises offrent des promos le long de l’avenue principale. Consommez, mes bonnes gens, consommez ! C’est les vacances, sortez les bourses !

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    À l’opposé, si on part vers Carilo, on trouve sur la plage de nombreux 4x4 et des quads en pagaille. Pourquoi donc marcher sur la plage si un moteur peut nous donner de l’élan ? Il y a 3 ou 4 chiens abandonnés, qui se précipitent sur l’écume laissée par les vagues. Si c’était bon à manger ! Pourquoi abandonne-t-on son chien sur la plage des vacances ? Parce qu’on est trop occupé à regarder l’avion qui vante le dernier médoc anti-gueule de bois ? Ou parce qu’on a dépensé tout son argent en babioles et qu’on ne peut plus payer la nourriture du fidèle compagnon ?

    Au supermarché, les caddies se remplissent de Lopez, de Coca-light, et de barbaque essentielle. L’asado du soir se prépare. Sur l’artère principale, les clowns préparent leurs shows, les musiciens sortent leur guitare, il va falloir séduire le passant. Jusque tard, tard, les restos se remplissent. L’air est doux quand le vent est clément.

    On pense déjà à demain. Une nouvelle journée à la plage. Face à la Mer. Immense, intacte.

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  • Une nuit au Salvavida

    Vendredi dernier, mon ami Eduardo m’emmenait dans un « club » de Palermo.
    Palermo est le plus grand « barrio » (quartier) de Buenos Aires. Connu pour être l’une des zones les plus sympas pour sortir, il se divise en Palermo Soho, Palermo Hollywood, Alto Palermo, Palermo Viejo… je dois dire que je m’y perds un peu ! Ce sont les promoteurs immobiliers qui passent leur temps à créer ces « labels » pour donner une identité aux manzanas qu’ils investissent, et ainsi attirer le chaland, toujours en quête de « the new place to be ».

    Le club où Eduardo m’invitait se situait dans le Palermo Botanico, près du jardin botanique (ce que le nom pouvait laisser présager ;-). Ce qu’on appelle ici un club n’est pas nécessairement un endroit chic ; c’est avant tout un repère d’habitués. En l’occurrence, le Salvavida, situé sur Cabello, est la propriété d’une petite poignée d’habitants du quartier – tous des hommes- qui se cotisent pour faire vivre l’endroit. Les hommes en question s’y retrouvent tous les jours pour faire un partie de « truco » (jeu de cartes le plus populaire d’Argentine) et partager ensuite une bière, avec une picada ou un autre bon petit plat.

    Le Salvavida est hors-norme à plus d’un titre. Installé depuis quelques décennies, là où autrefois, il y avait des terrains de boules, il continue de faire vivre l’âme populaire de Buenos Aires dans un quartier qui se cosmopolitise et s’aseptise beaucoup. Et puis, c’est un vrai résistant ! Eduardo m’a raconté que les propositions de rachat ne cessaient de pleuvoir et pour des sommes folles, car sur cet emplacement pourrait être construit une énième tour « condominium » ! Palermo vit en effet une vraie effervescence de tours de plus de 20 étages ; elles fleurissent de tous côtés, dans un incessant ballet de grues.


    Nous étions donc dans un petit coin de paradis en résistance :-)
    Après un repas tout ce qu’il y a de plus argentin (empanadas, milanesa, ravioles ; fernet et vin rouge), nous passions dans la salle du fond. Chaque vendredi, un groupe de 3 guitaristes (accompagné ce jour-là d’un tambour) fait danser jusque fort tard, les amoureux du folklore argentin. Beaucoup plus simple à danser et moins envoûtante que le tango, la « chacarera » n’a pas dépassé les frontières du pays. Pourtant, elle reste non seulement agréable à regarder, mais surtout très amusante à pratiquer ! Les danseurs se font face et se tournent autour, parfois avec un mouchoir à la main qu’ils manient de manière habile et séduisante (pour se faire une idée, voir la vidéo !).


     

     

    Il fallait voir ce soir-là les sourires rayonnants des danseurs sur la piste ! Et quels danseurs ! La moyenne d’âge dans la salle devait être de 65 ans ; ils se connaissaient tous, s’interpelaient d’un bout de la salle à l’autre (« Alors, notaire, tu viens danser ?! »), venaient s’embrasser, puis glisser un  mot aux musiciens. Fulano, le guitariste en chef, était assis pénardement sur une malle, les pieds sur une boîte à chaussures ! Yeux bleus acier et pétillants, couronne de cheveux blancs sur crâne dégarni, il donnait l’impression d’être dans son salon et de parlers à ses amis (mais on ne devait, là, pas être loin de la réalité !).

    Lorsque nous partions à 1h, la fête battait son plein. L’un des guitaristes venait de chanter d’une belle voix profonde 2 tangos célèbres –la salle l’acclama-, et bientôt le groupe reprenait le folklore pour d’autres folles danses !



  • La légende du Barolo


    « Ce que je voyais me semblait un rire de l’univers ; et mon ivresse entrait par l’ouïe et par la vue ».
    La Divine Comédie, chant XXVII

    Et si la dernière demeure de Dante était Buenos Aires…

    palacio barolo,dante,buenos aires,architecture,palanti,palacio salvo,style éclectiqueC’est l’incroyable légende qui court autour du Palais Barolo, et qui m’a été rapportée par l’architecte Patricio Pouchulu.

    Cet édifice est l’un des plus somptueux et admirable de Buenos Aires. Il domine l’avenue de Mai, du haut de ses 100 mètres de divine fantaisie. C’est le roi du textile Luis Barolo qui demande en 1919 à l’architecte italien Mario Palanti, de réaliser un bâtiment hors-norme.

    A cette époque, Buenos Aires vit l’apogée du néo-classicisme : palais, bâtiments officiels, immeubles d’habitation, trouvent leur inspiration dans le Paris haussmannien. Mais le Barolo, lui, appartient au style éclectique, à la croisée du gothique et de l’art musulman indien. A son inauguration en 1923, il est l’édifice le plus haut d’Amérique latine.


    Mais d’où vient donc la rumeur concernant Dante ?

    palacio barolo,dante,buenos aires,architecture,palanti,palacio salvo,style éclectiqueLorsque Palanti et Barolo commencent à se pencher sur ce projet, la Vieille Europe sort tout juste des profondes blessures de la Première Guerre Mondiale. Les esprits sont encore traumatisés par les millions de morts provoqués par le conflit. 

    Dans la crainte d’une nouvelle guerre dévastatrice, Barolo et Palanti décident de mettre en sécurité un trésor du patrimoine italien : les cendres de l’immense poète du XXIIIe s., Dante Alighieri. Et où, sinon à Buenos Aires, leur ville d’adoption et celle de millions d’autres Italiens ? Buenos Aires, la nouvelle Rome !

    C’est ainsi que naît l’idée de faire du Barolo le sanctuaire du génie. Si bien sûr, il semblerait que l’architecte et son commanditaire ne soient pas parvenus à faire aboutir ce fou projet, l’âme de Dante réside bel et bien dans ce trésor achitectural. L’édifice de 22 étages est la Divine Comédie ! Il est ainsi divisé en trois grandes « sections » : le sous-sol et le rez-de-chaussée correspondent à l’enfer ; du 1er au 14e étage, vous êtes accueillis au purgatoire ; et du 15e au 22e, si vous montrez patte blanche, vous voilà au paradis !


    Trailer de Barolo
    from Documentar Photo + Films on Vimeo.

    Pour l’anecdote, Mario Palanti construisit un édifice jumeau à Montevideo, en Uruguay : le palacio Salvo. Les 2 immeubles sont tous deux dotés à leur sommet d’un phare, qui permettaient une communication directe grâce à l’utilisation du morse.

    Le Barolo, cendres de Dante ou pas*, est un édifice poétique exceptionnel !


    > En savoir plus sur Dante et le Barolo


    *Ses cendres sont toujours à Ravenne… sauf preuve du contraire ;-)