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Renaissance - Page 2

  • Z comme Zanzibar

    C’est ici que le voyage s’achève, à Zanzibar. Mon mot magique, mon mot valise, le mot qui porte à la fois les espérances et les épices, le soleil brûlant et les eaux qui adoucissent, le bleu et le vert, le silence et la mer. Zanzibar, Zanzibar. Creuset et métissage.


    Chut… les édifices soufflent de longues histoires… elles ne sont pas toutes magiques. Il y a des luttes intestines, des déchirements et des souffrances, des milliers d’esclaves au milieu des clous de girofle, des cris et de la violence.


    Zanzibar, Zanzibar. Des enfants courent dans les rues fragiles et les horizons sont infinis. Le ciel-océan.
    Malgré toutes les douleurs, il y a sur le sable des parfums de nouveaux départs.


    Zanzibar, Zanzibar.

    Zanzibar_Eric Lafforgue.jpg
    Zanzibar, photo d'Eric Lafforgue



    Au XVIe siècle, Zanzibar, où cohabitent déjà les Africains, les Arabes, et les Persans, voit l’arrivée des Portugais qui y créent un comptoir. Le nom de Zanzibar, île lointaine et mystérieuse, devient peu à peu un véritable mythe pour les voyageurs.

  • Y comme Ysser

    Tiens je me repose/je laisse la parole à René François, prédicateur du Roy, dans son « Essay des merveilles de nature et des plus nobles artifices/ Pièce très nécessaire à tous ceux qui font profession d’éloquence » (publié à Rouen en 1626, alors que la Renaissance s’en allait…).


    « Avoir les vergues hautes, c’est estre prest à faire vie sur mer, les voiles toutes guindées qui n’attendent que le vent. Ysser les voiles & guinder, c’est le mesme, c’est monter, étendre : & carquois & le haut bout du mast, où il y a certains polions propres à tirer la corde attachée à la verge ».


    Tout un programme !

    hisser les voiles3.jpg

    Photo Goélette Belle Poule

  • X comme XVI

    Il y a des chiffres qui portent la poisse. XVI par exemple, alors qu’on n’arrête pas de maudire le malheureux XIII.


    1616 a été une année pourrie. C’est l’heure de la rubrique Nécrologie.

    *Marie-Anne de Bavière (1574-1616). Elle a fait 7 enfants, sinon rien, mais bon 7 c’est déjà pas si mal.
    *Garcilaso de la Vega (1539-1616). Premier grand écrivain péruvien, ça non, ce n’est vraiment pas rien.
    *Jacob Le Maire (1585-1616). Explorateur hollandais, premier à franchir le Cap Horn. Respect.


    Jusque-là me direz-vous, rien de bien extraordinaire tout de même. Après tout il y en a bien des milliers de gens bien et moins bien qui meurent chaque année. Oui, mais…


    Le 23 avril 1616 s’éteignent deux génies incomparables :

    Miguel Cervantès (qui avait vaillamment combattu à Lépante quelques années avant, y perdant même une main) et William Shakespeare (père d’Obéron, d’Hamlet, MacBeth, Roméo, ô Roméo, etc: la liste de sa progéniture est considérable !).


    En un seul jour de l’an MDCXVI, le monde s’est senti soudain vraiment plus seul.

    CervatesSaavedra1.jpg Shakespeare.jpg

  • W comme Wise

    It is impossible to love and to be wise. Francis Bacon, 1561-1626

    Une fumée au loin, au sommet de la montagne, derrière la Chine. Quelques bruits de clochette et un chant d’oiseau immortel. Des gens qui cheminent et une truite qui s’envole. Une odeur de papaye lancinante qui sort d’un transistor. L’enfant porte une robe de Chanel et un sac de chez Dior. Et puis tu t’approches, mais tu arrives de dos, dos nu, tu caches tes bras ou tu n’en as pas. Et lorsque tu te retournes, tu me tends la main et je vois, oui je le vois moi-même, mon sourire immense et béat.

    Autant de folies dans mes songes, c’est forcément que je t’aime, non ?

     

    Hiroshige le poisson qui s'envole.jpg
    Estampe d'Hiroshige

  • V comme Vespucci

    L’autre i’disait qu’il partait vers les Indes orientales…

    Il prend son toba, il s’arrache queq’ mois,
    Il crie « terre, terre », et forcément c’est l’Inde, quoi.
    Complètement à l’ouest, le gars…

    Trop de la balle, le keum se voit couvert d’or, pété de tune,
    il se pointe sur la gepla, premier truc
    à coup sûr qu’il se taperait bien une nana.

    Pas de bol, t’as des gars en meplu
    Qui se raboulent… ‘tain c’est quoi ces faces de blancs
    Qui débarquent dans leur tierquar ?
    En plus qui causent un pur charabia…
    Ca sent grave le blème, ils vont foutre le boxon,
    les gars en meplu l’ont vite capté,
    On leur fait pas.

    « Inde, Inde » que les blancs-becs répètent comme des bouffons,
    I’veulent des épices, de l’or et des rubis,
    Qu’yz aillent pisser plutôt que de foutre la chienlit.
    Les keums à oilpé leur filent juste du poisson,
    Mais rêvent de leur mettre un coup de pied au fion.

    Alors là, t’as tous les moussaillons qui s’alignent en rang d’oignons,
    Et puis leur chef leur sert à tous la paluche, fier comme un paon.

    Le Colomb, il se la pète, genre t’as vu j’ai déchiré grave,
    J’ai ouvert une nouvelle voie avec mon rafiot.
    Avec les « Indiens », il fait son fayot,
    genre tout gentil, tout beau…
    Quand derrière il sait bien
    Qu’il va les carotter sévère, ce saligaud.

     

    En tout cas, ce glandu a vraiment rien compris,
    On aurait dû lui prêter un GPS j’te l’ dis.

    Résultat, au continent, on lui a donné le nom
    d’Amerigo Vespucci.



    Amerigo Vespucci (1454-1512), explorateur italien et ami de Christophe Colomb fut le premier à douter que les terres découvertes soient situées en Asie. Il écrivit une lettre baptisée « Mundus Novus » en 1503 dans laquelle il décrit ses expéditions –postérieures à celles de Colomb- vers les nouvelles terres outre-Atlantique…

    Cette lettre fera de lui l’homme indiqué pour baptiser le Nouveau Monde, même si bien sûr la logique aurait voulu que l’Amérique… soit la Colombie !

    (et pour l’inspiration du style, évidemment, c’est chez les maîtres : les Boloss des Belles Lettres)

     

    Carte ancienne Amérique.jpg