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  • Attendre et espérer : une vision latino-américaine du monde (de Santis)


    Lu dans les colonnes du journal "Nuestra cultura" une interview de Pablo de Santis, avec une très jolie réponse quant à la cosmovision contenue dans les mots.

    esperar.jpg"Il y a un verbe en espagnol qui me plaît beaucoup : "esperar". Dans d'autres langues, les deux acceptions de notre "esperar" sont bien définies, avec des paroles distinctes: en anglais, on a ainsi to wait et to hope, ou en français, attendre et espérer. Mais nous, nous espérons/attendons avec espérance, et nous attendons/ espérons quelque chose de concret, avec le même substantif. Ceci indique que lorsque nous « esperamos » le train, non seulement on attend/ espère physiquement qu’il vienne, mais nous avons aussi l’espérance qu’il apparaisse. Autrement dit : nous sommes sur le quai, mais nous ne savons pas avec certitude si le train va venir. Peut-être va-t-il arriver à 22h17 comme il est annoncé, peut-être qu’il sera en retard, peut-être qu’il n’apparaîtra jamais. Nous vivons dans un univers de choses qui se passent mal, un univers latinoaméricain plein d’imprécisions et de déviations. Le verbe esperar traduit très bien notre situation dans le monde."

    Aujourd’hui Sophie a pris son vol El Calafate – Trelew ; il avait du retard. J’espère qu’elle est bien arrivée, car elle avait une excursion demain aux aurores pour aller voir les baleines.

    Demain Ariane quitte El Calafate pour revenir sur Buenos Aires… Espérons qu’elle ne devra ni attendre, ni... espérer!


    Mais la phrase de de Santis est absolument juste. Au-delà des grèves, des nuages de cendres, il y a en Amérique latine une sorte de résignation face à un monde qui fait des siennes.

  • Un 20 novembre dans Belgrano

    L’Argentine est un doux pays où l’on respecte les jours fériés… on les respecte même tellement que lorsqu’il tombe un dimanche, comme c’est le cas aujourd’hui (20 novembre : jour de la souveraineté nationale), on les décale un jour de semaine, en l’occurrence le lundi 28, pour être sûr que les citoyens puissent profiter de ce jour de « carence » !

    Ne me demandez pas pourquoi il n’est pas juste été décalé d’une journée, je vous dirai que c’est l’Argentine, et qu’il ne faut pas chercher d’explication !

    Enfin, qu’un jour férié ou qu’il ne le soit pas, je dois dire que cela ne change pas grand-chose pour moi à l’heure actuelle ;-)

    Aujourd’hui après un réveil très tardif dû à une bamboula en « Province » (hors des limites de Capital Federal, le Buenos Aires intra-muros pourrait-on dire, en l’occurrence, il nous a fallu 1h30 pour aller à la fête… soit le temps qu’il faut pour aller de Paris à Poitiers !!), nous avions décidé d’aller dans le quartier chinois histoire d’aller acheter quelques makis.

    La rue Arribeños est située dans le quartier de Belgrano et c’est le long de ses trottoirs que se concentre la majorité des restaurants, supermarchés et boutiques de babioles chinois. On s’habitue tellement à l’atmosphère chinoisante qu’il est étonnant d’y découvrir une ruelle privée appelée « solar » qui a conservé une magnifique architecture coloniale !

    solar, calle arribeños


    Plus loin, en bifurquant, nous trouvons un hibiscus dont les fleurs sont quasi aussi grosses que ma tête (au sens propre !), un chaton sauvage lapant une gorgée d’eau sur le trottoir, trace des fortes pluies noctures, et bientôt une autre maison coloniale magnifiquement conservée, nous y entrons.

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    C’est le musée Yrurtia, du nom du très célèbre sculpteur argentin, auteur de la plupart des grands « groupes » ou monuments que l’on peut voir en ville (Mausolée de Rivadavia; monument de Dorrego; ou l'immanquable « Canto al trabajo » -hommage aux travailleurs sur le Paséo Colon). Le musée qui était sa propre maison est ravissant, et surprenant par les énormes sculptures qui y sont exposées.

    yrurtia, détail-Je dis qu’Yrurtia est très célèbre, évidemment, je ne connaissais pas son nom avant de franchir complètement par hasard la porte du musée !-.

    On voit aussi dans ce musée une amusante « bizarrerie ». Yrurtia qui a vécu en France avait acheté au jeune Picasso une peinture (exposée au musée). Or Yrurtia pour une raison non précisée ne l’avait pas réglée sur le champ, d’où une lettre envoyée par le pauvre Picasso, demandant avec force politesse un prompt règlement compte tenu de ses soucis d’argent….

    Ben, ça fait du bien de savoir qu’un jour Picasso a été sans le sou !! Cela prouve qu’aucune situation n’est figée !

     

    Et dans toute cette histoire, les makis sont passés à la trappe ! Nous reviendrons donc faire un tour à Belgrano.

    > Plus de photos à partir de cette page

  • Les petits plaisirs d'avant la crise :-)

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    D'avoir affronté les affres d'Aerolineas Argentinas, on en oublierait presque que nous avons aussi fait avant le début des péripéties, quelques sorties sympathiques à Buenos Aires !

    Déambuler dans Recoleta, dorer au soleil dans le parc des Nations Unies, faire la queue au zoo pour la nuit des musées sous les acacias qui chuintent et renoncer devant l'extrême affluence, se replier -c'est pas plus mal!- sur un bar ambiance underground de la Plaza Serrano, découvrir les ruelles de Palermo puis ses bois, se fondre dans sa roseraie, lire des BD à la géniale librairie du passage, et terminer -mention Félicitations du jury!!- dans un resto à l'ambiance étrange et envoûtante Lédée de Troya (Thames).

     

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  • Otage de l'aviation...

    Commençons les nouvelles du jour par un petit haïku :

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    C’est beau
    un avion qui décolle

     

    Beaucoup plus
    qu’un avion cloué au sol.

     

    Ce n’est pas Ariane qui me contredira…

    Mes amies Sophie et Ariane sont arrivées jeudi dernier. Après une journée commune de balade à Buenos Aires, Sophie mettait le cap plein sud vers Ushuaia, tandis qu’Ariane restait quelques jours avec moi à Buenos Aires.

    Ce lundi, elles devaient se retrouver en Patagonie, à El Calafate (à quelques 3 heures de vol de Buenos Aires, et 2h d’Ushuaia). Et voilà qu’à 15h30, à l’heure où elle était censée avoir décollé, Ariane m’appelle de l’aéroport Jorge Newbery : vol annulé !

    Ainsi commençait une péripétie un peu cauchemardesque dans les méandres sinueux d’Aerolineas Argentinas, la compagnie nationale d’aviation. Pas d’info, des heures d’attente, pas de personnel anglophone, … la bonne humeur du lundi était compromise ! Finalement Ariane arrivait chez nous à 20h, après plus de 6h passées à l’aéroport. Elle avait un nouveau ticket pour le même vol le lendemain, mardi. Dans la journée, j’avais consulté le site de Aerolineas argentinas et celui des aéroports d’Ezeiza et Newbery. Il faut être honnête : la transparence de l’information est loin –LOIIIIINNNN- d’être le propre des transports aériens argentins.

    En page d’accueil des aéroports, il était fait référence aux problèmes de cendre liés au volcan du Chili, mais rien de rien sur la cause réelle des annulations massives de vols nationaux et internationaux : un mouvement social des contrôleurs aériens et de personnel au sol orchestré par Ricardo Cirielli (ses oreilles à celui-là ont bien dû siffler ces derniers jours)!!

    Quant à la page d’Aerolineas Argentinas, elle faisait figurer un encart intitulé pudiquement « Consultez la reprogrammation des vols », qui permettait d’accéder à des tableaux de reprogrammation et en tout petit à un menu déroulant de communiqués de presse, en disant un peu plus sur la situation (mais jamais à jour !).

    En définitive, c’est en lisant la presse nationale qui faisait ses gros titres de ses turbulences que l’on pouvait obtenir plus d’infos.

    Le lundi soir, nous sortions quand même avec Ariane nous rafraîchir au son du tango, en espérant que le mardi la verrait enfin fouler les terres patagoniennes… eh bien que nenni ! bis repetita !

    Mardi après-midi, même cirque insensé à Newbery, avec cette fois en plus de véritables pétages de plomb, notamment de touristes excédés par cette nouvelle annulation et l’absence totale d’informations. L’Argentine s’est fait quelques ennemis  à n’en pas douter… je crois qu’Ariane elle-même a dû maudire ce pays de toutes ses forces par instant ! Elle a fini par obtenir un nouveau ticket pour ce mercredi matin 7h30, avec départ de l’aéroport international d'Ezeiza, auprès d’une Argentine compatissante (ou alors, juste professionnelle ?!)

    Une nouvelle fois donc, nous nous retrouvions le soir vers 20h. Guacamole et poulet au citron accompagnaient nos échanges pour élaborer des plans A, B, C, en cas de nouvelle annulation !

    Finalement aujourd'hui à 4h30 du matin, avec Manu, nous mettions Ariane dans le taxi, et aux dernières nouvelles, elle a dû prendre son avion, faisant –OUUUUUFF- mentir le vieux dicton : Jamais 2 sans 3

    Si tout va bien, elle retrouve donc Sophie ce soir pour découvrir le Fitz Roy puis Torres del Paine.

     

    NB : je n’ai jamais vécu de grèves d’aviation en France. Est-ce aussi lamentablement géré ?

  • En balada à la Boca

    C’est bien connu, rien de tel qu’un visiteur de passage, pour découvrir ou redécouvrir sa ville. En l’occurrence, j’avais des hôtes de marque que vous avez reconnus sur la photo du post précédent : mes parents ! Après avoir franchi l’Atlantique Nord, puis Sud, puis visité les flancs de la Cordillère dans le Nord-Ouest de l’Argentine, ils arrivaient à Buenos Aires

    Au programme, une visite des quartiers historiques de la ville, et tout d’abord l’incontournable bien que devenu un peu cliché, Caminito. Une petite promenade au milieu des façades de tôle chatoyante donnait un aperçu du Buenos Aires portuaire où se dévergondaient les matelots au son du tango. Puisque nous étions là, je retournais avec mes parents au musée Quinquela Martin que les touristes ne visitent que rarement, au contraire des Argentins : le musée était rempli de « visites scolaires » !

    Outre les très belles expos permanentes consacrées à Quinquela, aux figures de proues et aux sculpteurs argentins, il y avait à ce moment-là une expo temporaire présentant une série de photographies intitulée « Boliches » du photographe Adolfo Previdéré.

    Je suis à peu près sûre que personne ne le connaît en France, je ne sais même pas s’il est si connu en Argentine. Et quel dommage ! Cette série de photographies de petits bistros de campagne est d’une sensibilité extrême, à la fois quant à la poésie triste des lieux –la nostalgie des jours passés se lit dans les planchers abîmés, foulés et refoulés, aujourd’hui presque abandonnés-, et aux regards encore si vivants de ces hommes (presque exclusivement) souvent courbatus, vieux habitués du bistrot, venant y chercher encore, toujours, la compagnie des leurs, pour une joute de plus, un instant de partage, quelques insultes sûrement, des silences aussi et quelques rigolades.

    Il faut faire découvrir ce grand photographe !

    Adolfo Previdéré

    Série Boliches, Adolfo PrévidéréAdolfo Prévidéré, Boliches