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O beau bidet, dada de mes plus belles chevauchées, tu es bel et bien blanc comme un certain cheval blanc, héroïque et sauvage, innocent l’air de rien, mais tu en as vu, ça tu en as vu !
Des ennemis farouches, des dindes dodues, des sabres levés, des séants malséants, rien ne t’a été épargné !
Des batailles acharnées, des histoires en eau de boudin, où tu finissais par bouder, nom d’un bidule ! et le respect ? hein, le respect ?
Mais fontaine, tu as dit et fontaine, tu as fait !
Un bain de jouvence et voilà le bidet dada qui entre dans la danse, O Di doo di doo dah…
Il y avait en ce dimanche de fin d'été, un je ne sais quoi de tendre... Peut-être à cause du soleil éclatant, 25° à l'ombre, de quoi profiter encore des parcs de Buenos Aires, s'étendre sur l'herbe, les yeux dans le grand bleu ? Peut-être à cause des rires des enfants tous de sortie, ou ceux des adultes en rollers et en skates, autour de la roseraie, un tour, dix tours, glisser à n'en plus finir, jusqu'à ce que les perles de sueur fassent briller toute la peau laissée à l'air libre ?
En tout cas, on s'installait sur une nappe dans le parc du planétarium, un petit pique-nique pour la route, une sieste de bienheureux, un peu de lecture, et puis vers 19h, le concert "pour la vie", en l'honneur des victimes de l'attentat contre l'ambassade d'Israël il y a 20 ans. Le conseiller culturel de l'ambassade qui ouvrit l'événement lança un appel à la paix.
La paix, voilà en fait, ce qui a caractérisé cette journée...
Je discute hier sur Facebook avec un Argentin, "ambassadeur" d'Internations (organisation de mises en contact d’expat dans toutes les villes du monde) à Buenos Aires. Je l'ai rencontré ce fameux soir où mon sac a mystérieusement disparu ! En tant qu’ « ambassadeur », il m’avait filé un coup de main pour que j’arrive à rentrer chez moi (vu que j’étais sans un sou, sans clé et sans téléphone !).
Je le recontacte récemment pour savoir si dans son réseau, il connaît des amateurs de poker ! (la fièvre du jeu me chatouille, je dirais même me gratouille !). On s’envoie quelques messages par FB, le tout en espagnol évidemment, et puis au moment de conclure la conversation, il m’écrit en français « très bien, merci » ; je poursuis donc dans la langue de Molière en écrivant « Tu me tiens au courant ! ».
Et là, silence de quelques secondes. Je le relance en lui demandant à nouveau en espagnol, « tu as compris ? ». Il me répond, « euh… tu m’étreins ? ». Olà, olà, olà ! qui a parlé d’étreindre jusqu’à présent ?! Evidemment, je m’empresse de lui dire « point du tout ! Mais pourquoi ? ».
Messieurs dames, on en arrive à la morale de l’histoire. Sachant que l’outil en question a traduit ce jour-là « tu me tiens au courant » par « me abrazas tan conciente » (qu’on pourrait traduire par « tu m’étreins si consciemment »), je pense que pour éviter malentendus et quiproquos, mieux vaut faire appel à des traducteurs en chair et en os !! (ou alors utiliser de meilleurs logiciels, hihi)
Vendredi dernier, mon ami Eduardo m’emmenait dans un « club » de Palermo. Palermo est le plus grand « barrio » (quartier) de Buenos Aires. Connu pour être l’une des zones les plus sympas pour sortir, il se divise en Palermo Soho, Palermo Hollywood, Alto Palermo, Palermo Viejo… je dois dire que je m’y perds un peu ! Ce sont les promoteurs immobiliers qui passent leur temps à créer ces « labels » pour donner une identité aux manzanas qu’ils investissent, et ainsi attirer le chaland, toujours en quête de « the new place to be ».
Le club où Eduardo m’invitait se situait dans le Palermo Botanico, près du jardin botanique (ce que le nom pouvait laisser présager ;-). Ce qu’on appelle ici un club n’est pas nécessairement un endroit chic ; c’est avant tout un repère d’habitués. En l’occurrence, le Salvavida, situé sur Cabello, est la propriété d’une petite poignée d’habitants du quartier – tous des hommes- qui se cotisent pour faire vivre l’endroit. Les hommes en question s’y retrouvent tous les jours pour faire un partie de « truco » (jeu de cartes le plus populaire d’Argentine) et partager ensuite une bière, avec une picada ou un autre bon petit plat.
Le Salvavida est hors-norme à plus d’un titre. Installé depuis quelques décennies, là où autrefois, il y avait des terrains de boules, il continue de faire vivre l’âme populaire de Buenos Aires dans un quartier qui se cosmopolitise et s’aseptise beaucoup. Et puis, c’est un vrai résistant ! Eduardo m’a raconté que les propositions de rachat ne cessaient de pleuvoir et pour des sommes folles, car sur cet emplacement pourrait être construit une énième tour « condominium » ! Palermo vit en effet une vraie effervescence de tours de plus de 20 étages ; elles fleurissent de tous côtés, dans un incessant ballet de grues.
Nous étions donc dans un petit coin de paradis en résistance :-) Après un repas tout ce qu’il y a de plus argentin (empanadas, milanesa, ravioles ; fernet et vin rouge), nous passions dans la salle du fond. Chaque vendredi, un groupe de 3 guitaristes (accompagné ce jour-là d’un tambour) fait danser jusque fort tard, les amoureux du folklore argentin. Beaucoup plus simple à danser et moins envoûtante que le tango, la « chacarera » n’a pas dépassé les frontières du pays. Pourtant, elle reste non seulement agréable à regarder, mais surtout très amusante à pratiquer ! Les danseurs se font face et se tournent autour, parfois avec un mouchoir à la main qu’ils manient de manière habile et séduisante (pour se faire une idée, voir la vidéo !).
Il fallait voir ce soir-là les sourires rayonnants des danseurs sur la piste ! Et quels danseurs ! La moyenne d’âge dans la salle devait être de 65 ans ; ils se connaissaient tous, s’interpelaient d’un bout de la salle à l’autre (« Alors, notaire, tu viens danser ?! »), venaient s’embrasser, puis glisser un mot aux musiciens. Fulano, le guitariste en chef, était assis pénardement sur une malle, les pieds sur une boîte à chaussures ! Yeux bleus acier et pétillants, couronne de cheveux blancs sur crâne dégarni, il donnait l’impression d’être dans son salon et de parlers à ses amis (mais on ne devait, là, pas être loin de la réalité !).
Lorsque nous partions à 1h, la fête battait son plein. L’un des guitaristes venait de chanter d’une belle voix profonde 2 tangos célèbres –la salle l’acclama-, et bientôt le groupe reprenait le folklore pour d’autres folles danses !
« Ce que je voyais me semblait un rire de l’univers ; et mon ivresse entrait par l’ouïe et par la vue ». La Divine Comédie, chant XXVII
Et si la dernière demeure de Dante était Buenos Aires…
C’est l’incroyable légende qui court autour du Palais Barolo, et qui m’a été rapportée par l’architecte Patricio Pouchulu.
Cet édifice est l’un des plus somptueux et admirable de Buenos Aires. Il domine l’avenue de Mai, du haut de ses 100 mètres de divine fantaisie. C’est le roi du textile Luis Barolo qui demande en 1919 à l’architecte italien Mario Palanti, de réaliser un bâtiment hors-norme.
A cette époque, Buenos Aires vit l’apogée du néo-classicisme : palais, bâtiments officiels, immeubles d’habitation, trouvent leur inspiration dans le Paris haussmannien. Mais le Barolo, lui, appartient au style éclectique, à la croisée du gothique et de l’art musulman indien. A son inauguration en 1923, il est l’édifice le plus haut d’Amérique latine.
Mais d’où vient donc la rumeur concernant Dante ?
Lorsque Palanti et Barolo commencent à se pencher sur ce projet, la Vieille Europe sort tout juste des profondes blessures de la Première Guerre Mondiale. Les esprits sont encore traumatisés par les millions de morts provoqués par le conflit.
Dans la crainte d’une nouvelle guerre dévastatrice, Barolo et Palanti décident de mettre en sécurité un trésor du patrimoine italien : les cendres de l’immense poète du XXIIIe s., Dante Alighieri. Et où, sinon à Buenos Aires, leur ville d’adoption et celle de millions d’autres Italiens ? Buenos Aires, la nouvelle Rome !
C’est ainsi que naît l’idée de faire du Barolo le sanctuaire du génie. Si bien sûr, il semblerait que l’architecte et son commanditaire ne soient pas parvenus à faire aboutir ce fou projet, l’âme de Dante réside bel et bien dans ce trésor achitectural. L’édifice de 22 étages est la Divine Comédie ! Il est ainsi divisé en trois grandes « sections » : le sous-sol et le rez-de-chaussée correspondent à l’enfer ; du 1er au 14e étage, vous êtes accueillis au purgatoire ; et du 15e au 22e, si vous montrez patte blanche, vous voilà au paradis !
Pour l’anecdote, Mario Palanti construisit un édifice jumeau à Montevideo, en Uruguay : le palacio Salvo. Les 2 immeubles sont tous deux dotés à leur sommet d’un phare, qui permettaient une communication directe grâce à l’utilisation du morse.
Le Barolo, cendres de Dante ou pas*, est un édifice poétique exceptionnel !