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auto-gestion

  • Grissinopoli, fabrica recuperada

    Vendredi dernier, nous allons à un spectacle de danse de la cousine de Manu.
    Je dois le rejoindre à l’adresse Charlone 55, que j’imagine forcément comme celle du théâtre, de la salle de danse, que sais-je encore ?

    Lorsque j’arrive, je me retrouve face à grand rideau métallique baissé sur un édifice qui ressemble plus à une usine qu’à un théâtre. En hauteur, des lettres forment le mot « Grissinopoli » ; joli nom pour une salle de théâtre, entre références à Fritz Lang, au Monopoly (le théâtre, c’est bien un jeu !), ou la Grisse ancienne :-)

    grissinopoli.GIFJe demande à Manu, si nous ne sommes pas trompés d’adresse, mais non. La représentation a bien lieu, ici même… dans cette usine ! Car Manu m’informe que Grissinopoli n’est rien d’autre qu’une usine de grissins. Enfin quand je dis rien d’autre… Elle est tellement plus !

    Grissinopoli est bien connue en Argentine car elle fait partie des « fabricas recuperadas » (usines récupérées), phénomène apparu au lendemain de la crise argentine de 2001.

    D’une brutalité sans pareil, cette crise met en extrême difficulté de nombreuses entreprises, quand ce n’est pas directement en faillite. Dans le cas de Grissinipoli, les patrons de l’entreprise commencent en 2001 par réduire les salaires, jusqu’à ne plus quasiment rien verser en juin 2002, ce qui déclenche une grève des ouvriers. Le 16 juin de cette année, les ouvriers exigent comme condition pour continuer à travailler que les patrons leur versent à chacun 100$. Les patrons de l’entreprise s’évanouissent alors dans la nature, laissant une entreprise lourdement endettée.
    grissinopoli le film.jpg
    Les ouvriers soutenus par d’autres entreprises récupérées, quelques partis politiques (dont le parti obrero) et tous les voisins du quartier, décident d’occuper l’usine et de la faire tourner, et ce en dépit de l’absence d’autorisations légales. Mais en novembre 2002 arrive la délivrance, la législature de Buenos Aires approuve l’expropriation de l’entreprise. Les ouvriers, regroupés dans une coopérative auto-gérée, La Nueva Esperanza, en deviennent les patrons !

    9 ans plus tard, l’usine tourne toujours, et pour remercier le quartier de l’avoir soutenue dans ces heures les plus noires, elle prête régulièrement ses locaux pour dans manifestations culturelles qui se déroulent au milieu même des installations !

    Je profitais ainsi d’un spectacle de danse aux saveurs de grissin!

     

     

    > L’histoire de Grissinopoli a fait l’objet d’un documentaire de Dario Doria (affiche ci-contre), primé au niveau international. D’ailleurs, je découvre en rédigeant cette note que ce documentaire vient d’être placé au centre d’un débat sur l’autogestion, organisé au MK2 Quai de Loire


    >  Sur le mouvement des usines récupérées, consulter le site fabricasrecuperadas