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  • Detours indiens - Impression IV

    Hindou moment

    Il faut venir dans les temples peu avant le tomber du soleil

    Regarder la vie battre son plein, les offrandes s'acquierent comme des petits pains,
    noix de coco, bananes, coliers de roses ou de jasmins,
    l'enceinte du temple n'echappe pas au commerce,
    vendeurs de saris, de bijoux, d'amulettes et de grigris,
    sont encore une fois de la partie

    Observer les touristes insouciants prenant la pose a chaque instant,
    Et tous les religieux, les fervents,
    Le touriste insouciant ayant cette capacite a devenir fervent,
    En une seconde, a l'approche des sanctuaires

    Inde royaume des rites

    Repondre 100 fois "Hello" aux passants du temple,
    tendre des mains a ceux qui vous la tendent,
    Se laisser photographier, a deux, a trois,  a 10
    (bientot, c'est toute une famille qui est autour !)

    Se faire aposer sur le front par un jeune Brahmane presque imberbe,
    un long trait de poudre rouge, accompagne de son souhait, son injonction !
    "Long life" (on y veillera)

    Sentir l'encens, s'en impregner

    Voir les hirondelles venir se nicher au creux de l'epaule de Vishnou,
    Siffloter a Parvati un air leger

    Marcher pieds nus sur la pierre chaude
    Un doux moment.


    Thanjavur, 10 aout 2011 - Trichy 11 aout 2011

  • Detours indiens - Impression III

    La nuit tombe sur Pondicherry,
    Torpeur dans les ruelles de la ville indienne.

    Les rickshaws jaunes continuent leur incessant ballet,
    Quelques ecoliers en uniforme regagnent tardivement leur quartier.

    Les exclamations fusent au milieu des klaxons
    Et j'entends sans en comprendre un seul mot
    (ce n'est pas la Pentecote tous les jours !)
    la melodie etrange de la langue tamoul qui se repand a chaque coin de rue.

    Quelques mendiants d'une maigreur effroyable se rapprochent,
    Me suivent quelques metres puis s'eloignent lentement.

    Partout des parfums d'epices embaument l'air.

    Sur les chantiersm des femmes travaillent, encore,
    Portant de lourdes briques sur leur tete, ou deplacant du sable a la pelle,
    Courbees, tellement courbees.

    D'autres reviennent de leurs emplettes dans leurs saris aux couleurs chatoyantes,
    C'est une explosion de jaune, d'orange, de carmin, de fuschia, de pourpre, de bleu turquoise, de vert profond...

    Dans le quartier musulman, vers Cazy street, soudain, on retrouve le calme,
    C'est bientot la rupture du jeune du Ramadan.

    Une fois le canal franchi, celui qui separe la ville "blanche" de la ville "indienne",
    Regne un silence presque absolu.

    Dans les rues Surcouf, Suffren, La Bourdonnais..., les belles demeures coloniales,
    Certaines tres decrepies, d'autres encore sublimes, accueillent la nuit comme le jour :
    Avec la nostalgie des jours passes.

    On croise cependant des touristes (combien de Francais ?!)
    Qui le soir venu investissent les restaurants de la ville blanche.

    Etrange Pondicherry, ton nom poetique
    (est-ce d'y avoir mis "cheri" dedans ? Ou d'y avoir mis un pont ?
    -entre l'Occident et ces mythiques Indes orientales-)
    Attire encore comme un aimant.

    Ce n'est qu'en atteignant l'avenue Goubert en bord de mer
    Que la foule fait de nouveau son apparition.

    A la tombee de la nuit, les habitants de "Pondy" viennent deambuler sur la digue,
    S'asseoir sur les rochers pour regarder la mer,
    Parler, rire et parler, jusqu'a en avoir la bouche seche,
    S'acheter encore quelques babioles ou de quoi grignoter,
    Dans l'une des innombrables roulottes qui s'etire
    Comme un mille pattes face a l'ocean.

    Dupleix, installe sur son socle a l'extremite sud de l'avenue,
    Regarde la scene sous sa perruque :
    Les temps changent !

     

    Pondicherry, 8 aout 2011

  • Detours indiens - Impression II

    The Road Raja, le roi de la route

    Le chauffeur de bus indien est un etre a part,
    sans aucun doute la reincarnation d'un dieu
    ou d'un ascete beni par Shiva,
    car visiblement il se sent dote de pouvoirs particuliers...
    C'est ce que nous experimentons sur la route de Mamallapuram a Pondicherry.

    Durant l'heure et demie que dure le trajet,
    le chauffeur nous fait une demonstration de ... son talent ?
    sa confiance inebranlable ? son arrogante folie ?
    Il fonce comme un derate, arme de sa tres redoutable arme :
    le kla-xon !
    Et ca buzze et ca trompette a tout bout de champ,
    injonction peremptoire qui signifie pour tout autre usager de la route
    - automobiliste, cycliste, pieton, chauffeur de rickshaw, motard -
    " Degage, je suis plus gros que toi et je passerai sans scrupule!"

    Le message est entendu car apres 80 kms de route, de slaloms invraisemblables,
    de tanguage severe, nous finissons par arriver a bon port...

    Le meilleur remede pour eviter les sueurs froides, nous le savons desormais, est de s'installer tranquillement dans son fauteuil regarder par la fenetre, a gauche, a droite, mais jamais en face...

    Laissons au Road Raja ce soin-la.

    Et puis il y a deja tant a observer entre nos deux "escales", le defile des palmiers et cocotiers, les couleurs fauves des flamboyants et bougainvilles (qui n'ont pour seules rivales serieuses que les pancartes vives d'Aircel, Airtel et parfois Vodafone, qui s'egrenent tout au long de la route, dans les plus petits hameaux. Operateurs telephoniques, nouveaux nababs), les petites cahutes des paysans pauvres avec leur toit en feuilles de palmiers, les villages ou l'activite commercante comme en ville ne s'arrete jamais (parlons sans hesiter de frenesie de consommation indienne ?), les chapelles, les temples baroques et barioles des Hindous, et puis aussi la nature pour depotoir (c'est a se demander si l'on peut trouver le long de la route 1 m2 sans dechets).

    La vie qui s'exprime au bord et sur la route contraste etrangement avec l'ambiance du bus ou presque tous les Indiens sont assoupis. Mon voisin, comme le chauffeur du bus, a une arme. Cette fois, non pas un truc qui fait un boucan du diable, mais une vraie... Il tient dans sa main gauche appuyee a la fenetre, sagement, une mitraillette. Precisons toutefois qu'il porte un uniforme, ce qui rassure sur ses intentions :-)

    Il y a aussi a l'avant du bus, au debut de la rangee, une jeune femme voilee de noir, recroquevillee par terre, a cote de ses paquets. Elle passe 1h30 dans cette position incomprehensible (a chaque arret, une ou deux places assises se liberent, mais elle ne les prend pas). Auto-ostracisme ?

    Et puis parfois lorsque le bus stoppe dans les villages montent des jeunes femmes qui ont attache dans leurs eblouissantes chevelures ebene des fleurs de jasmin. Elles laissent sur leur passage un doux parfum propice aux reves...


    Pondicherry, 8 aout 2011

  • Detours indiens - Impression I

    Viens donc sur mon escarpolette
    te balancer au gre des vents
    ou bien plutot au gre de tes pieds,
    la, l'impulsion, ca y est, maintenant,
    tu t'envoles, tu sens le vent, le contre-vent,
    tu te balances
    ...doucement...
    ou bien plutot tu flottes,
    il y a a peine de resistance
    tu le sens, bientot tu reves.

    Si ce n'etait l'enorme orage
    qui soudain eclate, on te te retrouverait la demain
    endormie,
    mais non, d'abord le palmier a commence
    a bruisser sechement,
    les feuilles qui se frottent insistantes.

    Puis le sifflement du vent s'est fait plus fort et alors sur ton escarpolette tu as senti le premier froid, des gouttes d'eau dans la nuit tropicale. Toujours flottant tu as vu des eclairs magnetiser le ciel avant que ne s'ecrasent des trombes, tourbillonnantes, les palmiers ne savent plus de quel cote pencher, plus loin la mer doit etre en emoi, et penses-tu a ces malheureux pecheurs qui tout a l'heure s'endormaient sur la plage au milieu des filets et bateaux, quel refuge auront-ils trouve ? Peut-etre une barque renversee.

    Tu t'es levee de l'escarpolette pour te pencher au balcon, il n'y a plus personne dans les rues de Mamallapuram, sauf la lumiere crue du reverbere d'ou l'eau jaillit comme une cascade. En bas, une porte s'ouvre, un parapluie s'offre a l'averse incessante.

    Mamallapuram, 6 aout 2011