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mamallapuram

  • Detours indiens - Impression II

    The Road Raja, le roi de la route

    Le chauffeur de bus indien est un etre a part,
    sans aucun doute la reincarnation d'un dieu
    ou d'un ascete beni par Shiva,
    car visiblement il se sent dote de pouvoirs particuliers...
    C'est ce que nous experimentons sur la route de Mamallapuram a Pondicherry.

    Durant l'heure et demie que dure le trajet,
    le chauffeur nous fait une demonstration de ... son talent ?
    sa confiance inebranlable ? son arrogante folie ?
    Il fonce comme un derate, arme de sa tres redoutable arme :
    le kla-xon !
    Et ca buzze et ca trompette a tout bout de champ,
    injonction peremptoire qui signifie pour tout autre usager de la route
    - automobiliste, cycliste, pieton, chauffeur de rickshaw, motard -
    " Degage, je suis plus gros que toi et je passerai sans scrupule!"

    Le message est entendu car apres 80 kms de route, de slaloms invraisemblables,
    de tanguage severe, nous finissons par arriver a bon port...

    Le meilleur remede pour eviter les sueurs froides, nous le savons desormais, est de s'installer tranquillement dans son fauteuil regarder par la fenetre, a gauche, a droite, mais jamais en face...

    Laissons au Road Raja ce soin-la.

    Et puis il y a deja tant a observer entre nos deux "escales", le defile des palmiers et cocotiers, les couleurs fauves des flamboyants et bougainvilles (qui n'ont pour seules rivales serieuses que les pancartes vives d'Aircel, Airtel et parfois Vodafone, qui s'egrenent tout au long de la route, dans les plus petits hameaux. Operateurs telephoniques, nouveaux nababs), les petites cahutes des paysans pauvres avec leur toit en feuilles de palmiers, les villages ou l'activite commercante comme en ville ne s'arrete jamais (parlons sans hesiter de frenesie de consommation indienne ?), les chapelles, les temples baroques et barioles des Hindous, et puis aussi la nature pour depotoir (c'est a se demander si l'on peut trouver le long de la route 1 m2 sans dechets).

    La vie qui s'exprime au bord et sur la route contraste etrangement avec l'ambiance du bus ou presque tous les Indiens sont assoupis. Mon voisin, comme le chauffeur du bus, a une arme. Cette fois, non pas un truc qui fait un boucan du diable, mais une vraie... Il tient dans sa main gauche appuyee a la fenetre, sagement, une mitraillette. Precisons toutefois qu'il porte un uniforme, ce qui rassure sur ses intentions :-)

    Il y a aussi a l'avant du bus, au debut de la rangee, une jeune femme voilee de noir, recroquevillee par terre, a cote de ses paquets. Elle passe 1h30 dans cette position incomprehensible (a chaque arret, une ou deux places assises se liberent, mais elle ne les prend pas). Auto-ostracisme ?

    Et puis parfois lorsque le bus stoppe dans les villages montent des jeunes femmes qui ont attache dans leurs eblouissantes chevelures ebene des fleurs de jasmin. Elles laissent sur leur passage un doux parfum propice aux reves...


    Pondicherry, 8 aout 2011

  • Detours indiens - Impression I

    Viens donc sur mon escarpolette
    te balancer au gre des vents
    ou bien plutot au gre de tes pieds,
    la, l'impulsion, ca y est, maintenant,
    tu t'envoles, tu sens le vent, le contre-vent,
    tu te balances
    ...doucement...
    ou bien plutot tu flottes,
    il y a a peine de resistance
    tu le sens, bientot tu reves.

    Si ce n'etait l'enorme orage
    qui soudain eclate, on te te retrouverait la demain
    endormie,
    mais non, d'abord le palmier a commence
    a bruisser sechement,
    les feuilles qui se frottent insistantes.

    Puis le sifflement du vent s'est fait plus fort et alors sur ton escarpolette tu as senti le premier froid, des gouttes d'eau dans la nuit tropicale. Toujours flottant tu as vu des eclairs magnetiser le ciel avant que ne s'ecrasent des trombes, tourbillonnantes, les palmiers ne savent plus de quel cote pencher, plus loin la mer doit etre en emoi, et penses-tu a ces malheureux pecheurs qui tout a l'heure s'endormaient sur la plage au milieu des filets et bateaux, quel refuge auront-ils trouve ? Peut-etre une barque renversee.

    Tu t'es levee de l'escarpolette pour te pencher au balcon, il n'y a plus personne dans les rues de Mamallapuram, sauf la lumiere crue du reverbere d'ou l'eau jaillit comme une cascade. En bas, une porte s'ouvre, un parapluie s'offre a l'averse incessante.

    Mamallapuram, 6 aout 2011