Après un séjour français tout en joie et tourbillons, j’ai retrouvé la terre argentine. 3 semaines d’absence, c’est peu mais suffisant pour oublier des lieux parcourus, des sensations évidentes, des faits étonnants que le quotidien rend invisibles… Corps et âme comme rafraîchis par l’oubli provisoire redécouvrent et se ré-étonnent.
J’avais oublié la pluie à Buenos Aires
J’avais oublié ces trottoirs qui font trébucher
J’avais oublié le « quilombo », le bazar, le bordel
J’avais oublié le platane qui au printemps venu sème sur le balcon ces petites boules de poussières
J’avais oublié cette moquette importune
J’avais oublié le chat noir !
J’avais oublié l’odeur enivrante de chocolat qui s’échappe de la chocolaterie Felfort sur la calle Gascon
J’avais oublié, toujours sur Gascon, les fleuristes ouverts 24h sur 24, sûrement pour les amoureux transis la nuit, les soudaines déclarations à l'aube, ou les nécessités impérieuses de se rabibocher à 3h du matin, mais oui dites-le avec des fleurs
J’avais oublié que les Argentins savent décidément tout vendre, même dans un bus bondé ; un simple bout de plastique où glisser sa carte de crédit, devient un protège-carte universel en silicone renforcé, inusable, et IN-DIS-PEN-SABLE. Même Clarin en parle ! Et hop, on achète
J’avais oublié qu’on applaudit toujours les musiciens dans le métro, car ils nous offrent leur musique et que le minimum est de leur offrir en retour un remerciement sonore
J’avais oublié les fleurs des arbres, les jacarandas bientôt tout violets
J’avais oublié la bière artisanale et le rock national
Mais par contre, je n’avais pas oublié son sourire et l’endroit où me blottir.