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D comme Dragonnade

Il fait nuit. Je suis rentrée dans la bibliothèque pieds nus, le parquet en chêne massif même au milieu de l’hiver a je ne sais de quoi de chaud. Matière vivante. Au fond de l’immense pièce par la fenêtre aux volets ouverts passe la lune. Il fait froid. Des chaises sculptées du début XXe (arrivées d’Italie par bateau je crois), des personnages cherchent à s’extirper. Mes yeux myopes regardent un homme chapeauté qui a perdu le bout de son nez, il a dû faire la guerre, perdue, contre le temps ou contre un lecteur passablement énervé. Je me demande ce que je fais là. Suis-je venue chercher un livre ou des rêves, du silence ou du réconfort ? L’odeur de papier jauni, des pages renfermées, des mots prisonniers me prend soudain d’assaut, alors j’ouvre l’une des vitrines où reposent des dizaines de livres endormis, j’en caresse la tranche du bout des doigts et pour les réchauffer, je leur crache mes flammes ardentes.

 

 

Dragonnade, attaque perpétrée au XVIe par les Dragons (militaires) contre la communauté protestante en France.

 

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Oeuvre du Peintre Zao Wou Ki, 1998

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