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C comme Cortège

Elle n’aurait pas dû être aussi vilaine. Avec ses manières tyranniques, qui avaient éloigné d’elle toute sa famille, sa propension inexplicable à crier sur tout un chacun, le commerçant de quartier, le passant qui l’effleurait, le fonctionnaire au téléphone, son voisin dans l’avion, elle était parvenue dans le laps de temps de 57 années à épuiser toutes les ressources de bonté qui s’étaient présentées autour d’elle. Un dimanche à l’église, alors qu’elle allait communier, elle avait même giflé le prêtre sous prétexte qu’il avait déposé l’ostie dans ses mains, alors qu’elle la voulait sur sa langue. Elle était de ceux qui répétaient que les hommes ne valaient rien et qu’elle leur préférait cent fois mille fois les animaux. – A dire vrai, elle me faisait de la peine. Je me suis toujours demandé ce que bon sang, il avait pu lui arriver pour qu’elle soit devenue ce monstre d’aigreur. Inné, je refusais de croire que cela put être--. En tout cas, ce jour- là, nous n’étions que trois, son chien, le prêtre contrit et moi, derrière son cercueil de bois. On a le cortège qu’on mérite, n’est-ce pas ?

 

 

 

Cortège, nom emprunté de l’italien corteggio au XVIIe siècle.

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Un enterrement à Ornans - Courbet

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