Sans hâte nous nous levons pour une nouvelle journée en capitale. Carla nous a préparé pour le petit-déjeuner une étrange galette à l’huile, dont on hésite à dire qu’elle est bonne ;-) En bus, nous décidons de nous rendre au marché du Port.
Contrairement à Buenos Aires, Montevideo vit au rythme maritime ; non seulement les berges sont aménagées, mais le port est un vrai lieu de vie (parfois en trop-plein, on dit que les nuits y sont peu tranquilles pour les passants bien aise). Nous en faisons l’expérience d’une curieuse manière en trouvant au détour d’une rue une manif de dockers. « Manif’ » c’est l’objectif du moins, car dans les faits les hommes sont parfois assis, parfois debout, se racontent des blagues immobiles, et les banderoles sont au sol plutôt que dans l’air agitées.
Quand nous arrivons à leur hauteur, certains commencent à glisser quelques compliments à Mymy qui dans sa belle robe bleue fait des vagues. Et soudain, surgie de nulle part, se déclenche une salve d’applaudissements de tous ces hommes réunis. La route semble s’ouvrir devant nous, haie d’honneur déjà ouverte comme si notre arrivée était pressentie… Hommes uruguayens en émoi ! Hommes uruguayens aux abois !
Après cet hommage spontané, nous avançons tranquillement jusqu’au marché ; dans cette très belle halle, des restaurants par dizaines ont élu domicile : viandes ou poissons grillés se dégustent au bar face aux cuistots virtuoses. Nous nous régalons.
Nous repassons par la ville, belle endormie, un petit café et quelques pas. Nous repassons par l’appartement avant d’aller au cinéma, voir un film uruguayen intitulé « Rambleras ». Ce n’est pas un chef d’œuvre, mais on y retrouve tout ce qui vient de nous a déjà marqué au cours de ces deux premiers jours à Montevideo : des vies loin de l’agitation du monde, mais touchées –évidemment- par les secousses des trajectoires individuelles, on appellera ça l’amour, les doutes, la mort, les envies, les rencontres. On se réconcilie toujours avec un maté sur la rambla bienveillante.
À la sortie du ciné, sur la 18 de Julio, un distributeur de billets vole sans scrupule mes 3000 pesos uruguayens… c’est-à-dire qu’il ouvre sa bouche pour me donner les billets mais rien n’en sort, malotru ! Un policier présent sur les lieux du crime écoute sans surprise le récit du méfait et me tend un n° de téléphone pour tenter de récupérer mon dû (jusqu’à aujourd’hui non obtenu !).
Nous allons boire une bière artisanale dans un pub voisin du Pony Pisador puis mangeons dans un charmant resto baptisé Dueto ; un Tannat –est-il tannique ?- accompagne notre repas délicieux. En fin de soirée, nos pas nous reconduisent au Fun-Fun, cette fois ouvert.
Ambiance de feu, salsa, cumbia en live, l’assemblée danse dans la lumière arc-en-ciel. L’uvita a fait son œuvre !
Nuit.