15 aout ! Inde-pendance !
Partout dans les rues de Kanyakumari, les drapeaux orange, blanc et vert flottent au vent, tandis qu'une foule innombrable d'Indiens envahit les ruelles, le temple, et la plage de ce bout du monde, tous ou presque arborant sur la chemise ou le sari la banniere nationale, fier etendard de la liberation du joug anglais.
Kanyakumari, "Cap Comorin", les Indiens te venerent, endroit mythique, pointe du sous-continent, lieu de rencontre de 3 oceans, le Golfe du Bengale, l'Ocean Indien et la mer d'Arabie.
Ce ne sont peut-etre pas les 40e rugissants, mais ces trois-la dans leur rencontre cree deja une puissance spectaculaire. Des vagues enormes s'ecrasent sur de gros rochers de granit, l'ocean jaillit a plusieurs metres de haut dans un vacarme, pourquoi pas divin.
Les touristes-pelerins viennent s'y baigner dans la limite du raisonnable, on ne joue pas avec ces elements-la!, de tous cotes les cris et les rires fusent, reflets de la joie du but atteint.
Etre ici precisement aujourd'hui, c'est tout un symbole, car c'est ici ou les trois oceans sont en symbiose que Ghandi, pere de l'Independance, a souhaite que ses cendres soient dispersees et l'on se presse dans le memorial rose bon, completement chou a la creme, qui lui est dedie, pour revoir les etapes de la vie du grand homme, jusqu'a ce point d'orgue, 15 aout 1947, ou Lord Mountbatten ceda le pouvoir au peuple indien (dans la confusion, liee a la scission Inde-Pakistan).
En ce jour ferie, Laure et moi decouvrons l'origine litterale de l'expression... file indienne ! Ils sont des milliers alignes, serpent sans fin, pour se rendre a un autre memorial, celui de Vinekananda, moine errant, penseur majeur qui a lutte sans relache contre le systeme des castes et pour une societe plus egalitaire (fin 19e - debut 20e), et qui avait egalement fait de Kanyakumari l'un de ses lieux de predilection.
On se demande si les millions d'Indiens qui doivent se rendre ici chaque annee ont encore en tete les messages de Ghandi et de Vinekananda, car l'Inde du Sud que nous decouvrons Laure et moi, si elle nous seduit, nous semble cependant pour le moins conservatrice (mais l'immense sous-continent a bien sur 1000 facettes).
Et puis, il y a le quartier des pecheurs, la, en contrebas des rues agitees, a 100 metres a peine de la foule, mais ou personne ne va, ce quartier qui a 8/9 heures du matin se preoccupe des taches quotidiennes, on fait sa toilette dehors a grands coups de jets ou sceaux d'eau, on s'assied a l'ombre pour reparer des filets...
Mais ce n'est finalement pas dans les maisons que le quartier est le plus anime. C'est a la sortie de l'eglise blanche immaculee. Des enfants courent partout (les fillettes ont de longues robes blanches a froufrou) et rejoignent leurs jolis maisons toutes colorees. Sur le parvis de l'eglise un homme tenant dans ses bras sa petite-fille vient nous aborder. Il s'appelle Francois-Xavier, en hommage au saint venu s'installer dans cet extreme-sud de l"inde, voici quelques siecles. Est-ce son aura, son charisme, sa volonte acharnee ? En tout cas, ce dernier a entierement converti la communaute des pecheurs qui affiche encore aujourd'hui sur les facades des maisons et dans les interieurs entrouverts des images du Christ, de la vierge, ou du Saint aventurier, et entretient avec les Hindous ce qui semble etre les relations les plus cordiales.
Kanyakumari, c'est un pic, c'est un cap, c'est la paix du Sud ;-)
Kanyakumari, 15 aout 2011