UA-113291451-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Uruguay nonchalance - Page 2

  • Vers Cabo Polonio, épisode 6

    Lundi à Valizas, on suit le windgourou… Pour partir à l’assaut des dunes, le gourou avait dit que le lundi serait meilleur que le dimanche. Il sera démenti ! Les cieux s’entrouvrent légèrement pour laisser passer le soleil, mais c’est le vent qui va mener la partie.

    Avant la traversée Arroyo Valizas.JPG

    Nous partons vers 12h30, Cécilia nous amène jusqu’à la rivière Valizas qu’il faut traverser en barque pour atteindre le pied des dunes. Le métier le mieux payé du monde, nous déclarons (ou d’Urugay en tout cas), car pour faire 15 mètres en barque, nous payons 30 pesos… soit plus que le prix d’une empanada ! Enfin, notre passeur est sur le point de ne rien voir de l’obole, car lorsque Myriam lui tend le billet, celui-ci s’envole pour aller flotter sur l’eau et courir un instant parmi les vagues. Mais je me suis lancée à sa poursuite et mon élan l’emporte. Charon attrape son dû et repart sur l’autre rive.

    Mymy au pied des dunes de Valizas.JPG

    Au pied des dunes, le vent dessine 1000 histoires sur le sable, le sable est fumée, les histoires effet-mer. Oh soleil ! Je ne me lasserai jamais du bleu sur le beige, on peut y mettre des nuages et des nuances dans l’or du grain, il est des couleurs qui se marient comme des gens qui s’aiment bien.

    Là, les sandales et les tongs sont à nos mains, pour que nos pieds libérés touchent le sol, touchent le sable, tour à tour humide et froid près de la mer, doux et chaud à quelques pas de là. Le vent déjà dans nos cheveux balaie les pensées de plaine. Et de marcher, ne panse-t-on pas les plaies ?

    Roches creusées Valizas.JPG


    D’abord les roches, puis bientôt l’ascension. Cécilia nous a dit « Montez en haut du cerro Buena Vista ». Le ciel gris cette fois a repris le dessus, nous affrontons des rafales folles, le sable nous assaille. Il pique la peau, fouette notre épiderme, tout espace nu devient son terrain de jeu cruel.

    Nous sommes vaillantes !

    À mi-chemin, Mymy s’arrête un instant, lotus parmi les fleurs du désert… Les lignes sont parfaites, moment suspendu où tout n’est que contemplation.

    Mymy Yoga dune de cabo polonio.JPG


    Nous repartons bientôt à la conquête du Cerro. De la souffrance ! En haut des roches sont creusées, façonnées comme par la main d’un savant potier, et posée triomphale une grande roche noire, table magique d’où l’on voit tout en bas. Mais pour aujourd’hui le sable est roi. Impossible de s’arrêter pour s’émerveiller. Le sable rentre dans nos yeux, griffent nos visages, dans la descente parfois, nous devons lui donner le dos, pour subir moins douloureusement ses assauts.

    Tout au long des dunes, la mer est déchaînée. Nous marchons plusieurs centaines de mètres au milieu d’un champ d’herbes du désert. À notre passage, un lièvre a peur. Qui nous sommes et qui nous voulons être. Nos ressources intérieures. Nos croyances. Petites filles. Chemin de femmes.

    Traces de pas dunes de Valizas.JPG

    Quand nous nous rapprochons de l’eau, on observe sans rien dire les vagues qui s’écrasent de tout leur poids. Enfin, après 3h30 de marche, de lutte et de bonheurs, si de bonheurs, Cabo Polonio est à nos pieds, son phare en ligne de mire.

    Il fait froid. Alors soudain, profiter de la chaleur de la Perla n’a pas de prix. Ce joli restaurant face à la mer nous offre un abri et quoi nous rassasier, nous désaltérer. Mais de temps nous n’avons guère, car à 18h, nous ne pouvons rater le dernier camion russe qui nous ramène vers la station de bus du village balnéaire. Quand même… nous avons bien le temps de filer jusqu’au phare. Il faut voir les loups de mer !

    Lions de mer Cabo Polo Polonio.JPG

    Et ils sont là, lourds et gras, replets et satisfaits, accrochés à la roche imperturbables !

    Un homme en uniforme vient nous parler, c’est le gardien du phare. Nous échangeons quelques mots, et il nous propose de nous faire rentrer en douce dans le phare… 130 et quelques marches plus haut, nous arrivons un peu essoufflées (la journée a déjà été rude) dans la chambre de la lumière et bientôt sortons sur la vigie. Vue à 180° sur ce village de pêcheurs du bout de nulle part, du vent toujours et encore, un spectacle fou de vagues. Décoiffées.

    Phare de Cabo Polonio.JPG


    J’ai déjà beaucoup écrit. La suite…demain !

  • Farniente o poco… Posada Valizas espiritu, épisode 5

    Posada Valizas.JPG

    Nous commençons vraiment à prendre nos aises à la Posada Valizas…  Cécilia est la meilleure des hôtes, elle ne cesse de nous rendre le séjour plus aimable. Si d’abord nos relations sont assez professionnelles, elle nous rend tous les services possibles ! –aider les autres à se sentir bien est vraiment son credo -, elles ne tardent pas à devenir amicales.

    Nous parlons de tout, de futilités, de sensations, d’expériences… De son côté, elle a un vécu assez peu commun : elle a travaillé au Chili, en Patagonie, et à Mendoza, comme travailleuse sociale, responsable RSE, mais aussi comme entrepreneuse, et il y a à environ 2 ans, elle a décidé de se lancer dans l’aventure d’une Posada dans ce village isolé de la côte uruguayenne.

    Si on veut prendre des conseils en prise de risques assumée et réussie, c’est vers elle qu’il faut se tourner. Sa confiance en la vie aussi fait d’elle un personnage unique et attachant.

    En ce dimanche, alors que le groupe de Français est parti pour une rando à cheval, avec Myriam nous nous laissons doucement glisser dans la journée. Un petit-déjeuner au soleil qui n’en finit pas, un peu de respiration, quelques postures de yoga à l’ombre des arbres du jardin, une heure ou deux de lecture, le temps a lâché prise. Je crois qu’indéniablement nous profitons en pleine conscience ;-)

    Plus tard dans l’après-midi, alors que nous décidons de donner quelques coups de pédale, nous croisons nos amis français, qui rentrent plus tôt que prévu. Leur cabalgata a tourné court ! Les chevaux qui effectuaient leur première sortie de la saison se sont montrés si nerveux qu’il était impossible de les diriger.

    Balade à vélo avec Mymy.JPG

    On se quitte, en se disant que nous resterons en contact, puis Mymy et moi filons sur nos montures certes plus dociles. Nous remontons vers la route principale ; le long du chemin de terre, des paysages vaguement de marais, tout verts, toujours tout verts, des chants d’oiseaux, des chevaux –sont-ils sauvages-, la nature sereine, des horizons immenses et ouverts, des palmiers solitaires. C’est simplement beau…

    Retour ensuite vers la plage pour un nouveau café face aux vagues. Pédalage retour à la posada.

    A 19h30, nous avons invité Cécilia et Mauricio à prendre l’apéro avec nous. Avec nos achats du Don de Todo, deux bonnes bouteilles et quelques biscuits apéro, nous avons de quoi entamer gaiement la soirée à 4. Et gaie, la soirée le fut !

    Soirée apéro.JPG

    On se raconta nos fantasmes (à l’initiative de Cécilia !), on joua à « qui lance le bouchon dans le verre au loin », on mangea des moules de la veille récupérées dans une poubelle, on ouvrit d’autres bouteilles, on écouta de la guitare, on rit, on se chambra comme si l’on se connaissait depuis toujours. Instants précieux et fragiles.

    jeu du bouchon.JPG

    Guri guitare.JPG


    Rideau.

  • Entre Valizas et Castillo, épisode 4

    Au réveil, nous découvrons une splendide pièce de petit-déjeuner. Accueillante, pleine de bon goût et riche en boissons et nourritures propres à nous réveiller pour de bon. Par la fenêtre ouverte, le soleil joue les trouble-fête, sur le tableau noir, Cécilia nous a écrit « Bienvenue ! ».

    Mymy petit-déj posada Valizas.JPG


    On papote en surveillant l’heure, il ne faut pas rater le bus pour Castillo. Vers 12h30, nous arrivons au « château ». La banque est bien là, pas de distributeur malicieux, nous voilà riches de dollars ! Nous déambulons quelques instants dans les rues en pente de la ville, le soleil brille, personne n’est dehors, c’est l’heure du déjeuner, nous croisons juste un gars en mobylette qui nous a parlé la veille (dit-il…).

    Rue de Castillo Uruguay.JPG

    Un arrêt s’impose au supermarché du coin, le Don de Todo, où nous achetons de quoi prendre l’apéro un soir dans le jardin de la posada, un Tannat, un Cabernet (je crois), de quoi grignoter. Sur la place principale du village, nous nous installons sur la mini-terrasse de fortune d’une boulangerie, sirotant un rafraîchissement. Ciel bleu, village silencieux. Soudain, une jeune fille vient nous voir, elle nous propose de participer à un casting pour Pepsi. Nous sommes dans la 4e dimension !

    Non, sera notre dernier mot. A notre retour à Valizas, Cecilia nous apprend que Castillo est la ville au plus haut taux de suicide de l'Uruguay. Pour un "oui", pour un "non", un mari/ une femme volé/e, un honneur à demi-bafoué, on s'y prendrait la vie. Pourquoi, sous tant de soleil ?

    Nous laissons de côté la question et nous dirigeons vers la plage d’où l’on voit les grandes dunes de sable que bientôt nous découvrirons de près. Face à la mer, quelques individus se sont perdus comme nous. Nous prenons un café sur une terrasse rustique et partons nous allonger sur le sable; je joue les conteuses, Mymy s’endort. Le vent frais plus tard nous tire de notre léthargie bienheureuse et nous décidons de rentrer au chaud.

    Mymy plage de Valizas.JPG


    Arrivées à la Posada, nous entendons depuis notre chambre des voix dans le salon. Le « groupe » dont nous a parlé Cécilia est arrivé. Ils sont 4 et à travers la porte et leurs accents inimitables, nous savons bientôt qu’ils sont Français. Des Français au bout du monde, no puede ser !

    Nous les saluons en sortant, échangeons quelques mots, ils semblent être une famille : un couple d’une cinquantaine d’année et deux jeunes, dans leur vingtaine.

    Plus tard, ils nous invitent à prendre du champagne, il ne faut pas nous prendre par les sentiments.  Le Moët nous met en verve et hop, c’est parti pour un long bavardage qui s’achève autour d’un dîner improvisé par un chef cuisto venu justement à ce moment-là passer un « entretien » avec Cécilia. Heureux hasard ! Quelques moules fraîches et du vin blanc rendent la soirée résolument sympathique. Des blagues grivoises fusent entre les discussions plus sérieuses.

    Dîner à la posada.JPG


    En fin de soirée, nos compatriotes s’éclipsent, nous poursuivons joyeusement nos conversations avec Cécilia et Mauricio, puis Morphée crie.

  • En route pour Valizas, épisode 3

    A 10h, à Tres Cruces le bus pour Valizas démarre. C’est mon amie et collègue Julie qui m’a recommandé une posada dans ce petit village inconnu des cartes routières ! Situé à 300 kms de Montevideo, il promet le calme, le silence et les grands horizons… bien loin de la movida touristique de Punta del Este.

    Route de Montevideo à Valizas

    Le temps a tourné, nous voilà sous des cieux bas et gris… En chemin, nous nous arrêtons 100 fois, 1000 fois, ces 300 kms avancent à pas d’escargot. Pas grave, nous avons le temps. Tant le temps que nous descendons lors d’un de nos arrêts pour aller découvrir (les toilettes de la gare), et lorsque nous retournons vers le bus, celui-ci… a disparu.

    La bonne blague ! Nous regardons bien avec nos deux paires d’yeux cette volatilisation incroyable. Non, non, ils ne sont pas partis sans nous quand même… Et alors que nous nous dirigeons vers le guichet de Rutas del Sol (la compagnie de bus), nous entendons au loin de l’autre côté de la gare, un homme crier « Muchachas, muchachas ! ». C’est notre chauffeur. Notre voisin de siège s’est soudain rendu compte de notre absence et a prévenu le chauffeur que 2 têtes de linotte manquaient à l’appel… Entrée discrète dans le bus. Pas d’applaudissements cette fois (jaja).

    Vers 15h, nous arrivons à Valizas. A la sortie du bus, nous entendons soudain une dame en blanc appeler « Isabelle, Isabelle ». Voici Cécilia, la propriétaire de Posada Valizas. Elle est venue nous chercher toute de blanc vêtue, grande classe.

    Valizas premières impressions : routes de terre vacillant de l’ocre au rouge, ciel gris, odeurs d’herbes humides, nul n’est dehors, une vache accrochée à un poteau sur un bas-côté nous regarde (encore étonnée). Quand Cécilia pousse la porte de la posada, nous découvrons un jardin d’herbes hautes où trônent de jolies chaises sculptées, au fond la posada jolie chaumière aux volets bleus.

    Posada Valizas

    Fait pas chaud là-dedans ! On rêve de voir la cheminée allumée. Notre chambre est très coquette, la déco réussie, ambiance de cocon douillet. Nous sommes les seules hôtes, la posada nous appartient ! D’entrée, je demande à Cécilia si nous pouvons payer en CB, car nous n’avons pas que très peu de liquide… ah ben non, il semble que j’ai oublié le contenu d’un mail crucial ! Paiement en cash, nada mas. Le prochain distributeur nous dit Cécilia est à 25 kms dans la ville de Castillo. Un voyage s’imposera donc au cours des 4 jours à venir.

    Nous partons acheter des portions de tarte salée dans la cahute d’un habitant, qui pourrait s’auto-proclamer roi de la empanada !  Il pleut. Fin du monde, Bretagne nous voilà…

    Ce soir, c’est la pleine lune. Cécilia nous dit qu’une de ses voisines et amies tire les cartes… et si, la lune aidant, nous nous prêtions au jeu ? Elle s’appelle qui plus est Amnéris, uruguayenne au nom égyptien, on sent les augures, les prêtresses, les pythies. Voyons voir…

    Posada Valizas, jardin de nuit

    Près d’une heure trente durant, Amneris (hommage à Aïda de Verdi nous apprend-elle) nous « numérise », nous « angélise », et nous « rune-analyse ». Des étranges prémonitions, des mots qui résonnent… N’en disons pas plus et laissons aux anges, aux runes et aux chiffres leurs mystères révélés.

    Demain dira.

  • Montevideo en couleurs, épisode 2

     

    Sans hâte nous nous levons pour une nouvelle journée en capitale. Carla nous a préparé pour le petit-déjeuner une étrange galette à l’huile, dont on hésite à dire qu’elle est bonne ;-) En bus, nous décidons de nous rendre au marché du Port.

    Mymy route du port Montevideo.JPG

    Contrairement à Buenos Aires, Montevideo vit au rythme maritime ; non seulement les berges sont aménagées, mais le port est un vrai lieu de vie (parfois en trop-plein, on dit que les nuits y sont peu tranquilles pour les passants bien aise). Nous en faisons l’expérience d’une curieuse manière en trouvant au détour d’une rue une manif de dockers. « Manif’ » c’est l’objectif du moins, car dans les faits les hommes sont parfois assis, parfois debout, se racontent des blagues immobiles, et les banderoles sont au sol plutôt que dans l’air agitées.

    Quand nous arrivons à leur hauteur, certains commencent à glisser quelques compliments à Mymy qui dans sa belle robe bleue fait des vagues. Et soudain, surgie de nulle part, se déclenche une salve d’applaudissements de tous ces hommes réunis. La route semble s’ouvrir devant nous, haie d’honneur déjà ouverte comme si notre arrivée était pressentie… Hommes uruguayens en émoi ! Hommes uruguayens aux abois !

    Après cet hommage spontané, nous avançons tranquillement jusqu’au marché ; dans cette très belle halle, des restaurants par dizaines ont élu domicile : viandes ou poissons grillés se dégustent au bar face aux cuistots virtuoses. Nous nous régalons.

    Marché du port Montevideo.JPG

    Nous repassons par la ville, belle endormie, un petit café et quelques pas. Nous repassons par l’appartement avant d’aller au cinéma, voir un film uruguayen intitulé « Rambleras ». Ce n’est pas un chef d’œuvre, mais on y retrouve tout ce qui vient de nous a déjà marqué au cours de ces deux premiers jours à Montevideo : des vies loin de l’agitation du monde, mais touchées –évidemment- par les secousses des trajectoires individuelles, on appellera ça l’amour, les doutes, la mort, les envies, les rencontres. On se réconcilie toujours avec un maté sur la rambla bienveillante.

    Mymy et moi Place Montevideo.JPG

    À la sortie du ciné, sur la 18 de Julio, un distributeur de billets vole sans scrupule mes 3000 pesos uruguayens… c’est-à-dire qu’il ouvre sa bouche pour me donner les billets mais rien n’en sort, malotru ! Un policier présent sur les lieux du crime écoute sans surprise le récit du méfait et me tend un n° de téléphone pour tenter de récupérer mon dû (jusqu’à aujourd’hui non obtenu !).

    Nous allons boire une bière artisanale dans un pub voisin du Pony Pisador puis mangeons dans un charmant resto baptisé Dueto ; un Tannat –est-il tannique ?- accompagne notre repas délicieux. En fin de soirée, nos pas nous reconduisent au Fun-Fun, cette fois ouvert.

    Fun Fun Montevideo.JPG

    Ambiance de feu, salsa, cumbia en live, l’assemblée danse dans la lumière arc-en-ciel. L’uvita a fait son œuvre !

    Nuit.