Nous avons ces deux derniers jours atteint 1000 bouts du monde. Nous avons traverse du nord au sud, du sud au nord, la Quebrada hallucinante avec ses stries ocres, rouges, roses, violettes, jaunes, bleues, vertes; ses roches pliees, recourbees, incurvees par les mains d'un savant ordonateur ou celle d'une cuisiniere en pleine pate feuilletee...
Terre douce et brulante, terre d'onyx, terre de fer, terre de sediments, terre de cuivre, terre de corails ?
Villages perdus (ah Iruya!), accroches a des flancs d'eboulis, au bout de routes impossibles, des lacets a n'en plus finir, des cols a plus de 4000 metres (mais l'on verifie et l'on respire encore), des champs de rocailles.
des arbres danseurs nus agitent des branches depuis longtemps sans bourgeons dans des torrents a sec
des cactus au sommet des montagnes retiennent des nuages a leurs filets
des forteresses pre-incas defient des assaillants invisibles
des enfants insouciants jouent dans les rues pavees de villages inaccessibles (ou quasi)
leurs cris reveillent la vallee, rappellent avec insistance ce que c'est qu'etre en vie
des anes silencieux portent des hommes, relient des montagnes, des eglises, et traversent a gue des ruisseaux assagis, relient des hommes
Soleil fracassant, soleil acharne, en haut les condors passent tres pres
Canyon aux profondeurs inimaginables
Vertige
Puis vint un autre bout du monde, fascinant et inquietant, a travers la Puna du Nord. Nous avons quitte Humahuaca pour rallier la Quiaca, ville frontiere avec la Bolivie. Le soleil tombe tres vite sur ces paysages de plaines d'altitude.
Derriere les Andes au loin, l'horizon est comme en feu et les nuages au-dessus, lourds et tranperses par les rayons, preparent bientot leur revanche. Il fait bientot nuit noire, mais pas une etoile. Le ciel est bas, a tendre le bras par la fenetre du bus, je vous jure qu'on pourrait le toucher.
Et bientot se declenche un fabuleux orage electrique. Pendant pres d'une heure, au-dessus de cette route qui semble nous emmener dans des contrees inexplorees, le ciel se dechaine. Il ne pleut pas, c'est juste une incroyable lumiere blanche qui irradie et parfois de violents eclairs viennent toucher le sol. Quand nous arrivons a la Quiaca dans cette atmosphere d'apocalypse, nous nous retrouvons nez a nez avec des groupes nombreux d'Andins, charges de baggages dont on se demande comment ils peuvent les porter, assis par terre dans leurs tenues traditionnelles, attendant un bus... ou la fin du monde ?!
Ville frontiere, ville passage, personne n'appartient vraiment a ce lieu; nous sommes tous des fantomes errants.
Ce matin, nous traversons la frontiere a pied. Nous voici a Villazon, Bolivie.
PS: pas facile de telecharger les photos depuis qqs jours, connexion tres lente. Il faudra attendre un peu avant d'en voir plus!
Commentaires
Tu donnerais envie au plus pantouflard des sedentaires de se mettre en route sur le champ.H.