* mais girls peu sensibles...
On allait bientôt crier haro sur le yéti.
A grands drames en perspectives, grandes mesures de précaution. Je décidais donc d’aller faire un tour au salon de belleza comme on dit ici. Le salon de beauté, c’est l’endroit où tu arrives toute laide et d’où tu repars irradiant comme une princesse des 1001 nuits, enfin, c’est une interprétation.
Je poussais la porte du premier institut croisé mentionnant sur sa vitrine la parole magique « depilación ». Inutile de prendre rendez-vous, Melinda était disponible immédiatement. On me conviait donc à m’installer dans la cabine. Au premier coup d’œil, mon dit-œil faisait un tour de 360° sur lui-même devant l’étonnant spectacle proposé.
Mais dios mio, pourquoi dis-je « spectacle » quand tout simplement c’était une scène de crime, un véritable carnage ?!!! Des éclaboussures de cire partout sur les murs ; ne parlons pas du sol qui était pudiquement recouvert d’un tapis en plastique transparent, laissant voir des résidus séchés, appétissants je vous le dis.
Quant à l’espace de travail, il me faisait frémir, deux ou trois énormes casseroles posées sur des plaques chauffantes et remplies d’une cire visqueuse d’un âge indéterminé… Des traces dégoulinantes le long des marmites semblaient indiquer qu’elles avaient servi il y a peu.
Armée de mon courage légendaire, j’ôtais ce qu’il fallait et m’allonger sur la table d’opération. Entrait alors Melinda que je n’avais pas encore vue, genre matrone ne supportant guère les jeunes effarouchées. Il allait falloir s’accrocher !
Elle branchait une machine, la déyétitude allait pouvoir commencer. L’air s’emplissait rapidement des effluves de la cire au miel que bientôt elle m’appliquait en épaisses couches, façon caramel au beurre salé. J’en étais désormais recouverte, une vraie confiserie prête à croquer.
Melinda s’attaqua alors à la main à l’arrachage des strates réparties sur mon corps très stoïque. Je ne bronchais tandis qu’elle m’interrogeait tranquillement « todo bien, amor ? ». Si, si, todo bien. Voyons voir la suite… Oui car rapidement, j’observais la manip’… Les énormes couches de cire arrachées étaient-elles jetées à la poubelle ? Non point, ma bonne dame ! Elles étaient enfoncées avec vigueur par Melinda dans un des grots pots vus en entrant, où tranquillement elles chauffaient à nouveau pour fondre et passer grâce à un astucieux système dans le gros pot du dessous. Cela s’appelle du recyclage.
Autrement dit, Melinda m’épilait avec une cire pleine des poils d’autrui !!! Ah horreur et damnation !!
Il ne me restait plus qu’à espérer qu’un moyen de filtration était quelque part à l’œuvre…
Je décidais pour le reste de la séance de fermer les yeux et les oreilles, jusqu’au moment où Mélinda me demanda si je ne voulais pas une épilation du « cavado ». Quoi donc ? Le cavado, mais qu’est-ce ? Un geste de l’index me donna la précision nécessaire. Ah… Cavado ? Eh bien non merci Melinda ! Rien que ce mot me fait peur ! Il faut laisser ma caverne tranquille !!!!
Pour finir, je souriais, payais les très modestes 30 pesos et m’en allais altière comme la princesse des 1001 nuits que j’étais devenue :-)
Images : le yéti, je crois que c'est celui d'Hergé, et l'illustration des 1001 nuits, elle est de Gustaf Tenggren
Commentaires
Ouh la la! Rappelles moi d emmener mon é pilateur!!!