C’est un petit jardin qui semble perdu à l’ombre de l’immense Tour Montparnasse… Derrière les grilles, le long du trottoir, il vous interpelle pourtant ce cheval hennissant, tout en puissance et en orgueil. Son cuivre bleui crie la rage.
Emile-Antoine Bourdelle vous attend et la rencontre est immanquable. Sous le soleil brutal du mois d’août, le buis déverse son parfum enivrant, il y bien un créateur dans la Maison. Ce que ses sculptures disent de Bourdelle, c’est la force vitale, la douleur, la grandeur tragique de l’homme et le destin fatal des demi-dieux… Le centaure est mourant…
Sous les arcades, à l’ombre, quelques vieilles dames, des voisines habitant sans doute le quartier, profitent de chiliennes disposées là pour plonger dans les derniers potins mondains. Bourdelle n’est qu’un prétexte, hélas !
Si elles levaient la tête, si elles regardaient mieux cet atelier au parquet foulé maintes fois, ces meubles du sceau du Père Bourdelle qui laissent entendre des grondements de voix, des inspirations soudaines, des verres qui se lèvent et se rabattent en un seul éclat, elles verraient là le talent à l’œuvre.
Dans le second jardin, petit trésor dissimulé, on retrouve le Centaure toujours aussi désarmant… et dans un coin l’Aurore, comme le témoignage d’un lendemain solaire qui succède aux inepties, aux drames, et au désespoir.
Bourdelle, disciple du génial Rodin, et fou de Beethoven vous laissera sans doute sans voix…
Musée Bourdelle : 16-18 Rue Antoine Bourdelle, 75015 Paris (Entrée gratuite)